AUTEURS ET AUTEURES
Lukas Bärfuss, Suisse
Clemens Berger, Autriche
John Burnside, Angleterre
Arno Camenisch, Suisse
Amir Hassan Cheheltan, Iran
Kurt Drawert, Allemagne
Oswald Egger, Autriche
Isabelle Flükiger, Suisse
Jonathan Safran Foer, USA
Nora Gomringer, Suisse
Helon Habila, Nigeria
Antjie Krog, Afrique du Sud
Michael Krüger, Allemagne
Hartmut Lange, Allemagne
Katja Lange-Müller, Allemagne
Luljeta Lleshanaku, Albanie
Jo Lendle, Allemagne
Gertrud Leutenegger, Suisse
Jonas Lüscher, Suisse
Roger Monnerat, Suisse
Connie Palmen, Pays-Bas
David Van Reybrouck, Belgique
Salman Rushdie, Angleterre/Inde
Joachim Sartorius, Allemagne
Marie-Luise Scherer, Allemagne
Robert Schindel, Autriche
Lukas Bärfuss
Lukas Bärfuss est né en 1971 à Thoune. Il compte parmi les dramaturges germanophones les plus importants des dix dernières années; ses pièces sont jouées à travers le monde entier. Aujourd’hui auteur associé du Schauspielhaus de Zurich, Lukas Bärfuss s’est forgé un nom en tant que penseur critique, brillant orateur et commentateur engagé et incorruptible de l’actualité politique et sociale.
Début 2008 est paru son premier roman HUNDERT TAGE, après presque autant de jours de minutieuses recherches. Il y est question d’hommes pleins d’intentions de faire le bien qui finissent par causer le malheur, des erreurs multiples des «bons», et de la difficulté d’évaluer ce qui nous est étrangé. HUNDERT TAGE revient sur un chapitre sombre de l’histoire de l’Afrique, dans laquelle nous sommes bien plus impliqués que ce que nous voulons croire.
Lukas Bärfuss analyse dans son roman les mécanismes de l’aide au développement et revient en particulier sur le rôle de la Suisse, qui depuis l’indépendance du Rwanda en 1962, s’est beaucoup impliquée dans le destin de ce petit État d’Afrique de l’Est. Lukas Bärfuss a reçu le prix «Spycher: prix pour la littérature de Loèche». Durant le Festival, Lukas Bärfuss présentera des textes inédits.
Titres disponibles en français:
LE VOYAGE D’ALICE EN SUISSE / PÉTROLE. Traduit par
CENTS JOURS, CENTS NUITS. Traduit par Bernard Chartreux et Eberhard Spreng. L'Arche, Paris, 2009
LE TEST. Traduit par Johannes Honigmann. L'Arche, Paris, 2008
MALAGA – PARZIVAL – ZWANZIGTAUSEND SEITEN. Stücke. Wallstein Verlag 2012
ÖL. Stück. Wallstein Verlag 2009
HUNDERT TAGE. Roman. Wallstein Verlag 2008.
Clemens Berger
Le lecteur à la recherche de divertissement, sensible à l’humour noir et qui aime s’intéresser à l’envers du décor, souvent noir, lui aussi, ce lecteur-là aimera Clemens Berger. Dans ses romans, l’auteur autrichien traite de la confusion des sentiments face à au recours croissant à des «auxiliaires de vie» dans une société où chaque relation est analysée en termes de pertes et profits. Clemens Berger ébranle les distinctions; entre la sphère privée et le travail, entre les sexes, etc.
Dans son nouveau romain EIN VERSPRECHEN VON GEGENWART, le personnage principal est serveur dans un restaurant huppé. Et il ne s’en laisse pas raconter. Il a déjà observé trop souvent chez ses clients comment les grands sentiments se laissaient acheter avec de tout petits gestes... Comment les couples se formaient, chacun pavanant l’un devant l’autre, pour très vite se désenamourer. Mais un jour, un homme et une femme prennent place dans son restaurant, des gens que le serveur ne sait pas encore décrire. Et qui changeront sa vie.
Elle magnifique, lui si sûr de lui. Le serveur déchiffre les bribes visibles de leur relation, comprend qu’ils viennent de faire l’amour, cherche à lire les sentiments sur leurs visages. A travers les observations de son protagoniste, Clemens Berger nous entraine dans un entre-temps, cet instant bref juste avant et juste après minuit où les possibles foisonnent.
EIN VERSPRECHEN VON GEGENWART. Roman.
DAS STREICHELINSTITUT. Roman. Wallstein Verlag 2010
UND HIEB IHM DAS RECHTE OHR AB. Erzählungen.
John Burnside
Ils sont rares les auteurs pour lesquels critiques et lecteurs s’accordent à dire que leur prose n’a rien à envier à leurs poèmes et vice-versa. John Burnside (1955) est l’un de ceux-là. Écossais d’origine, il commence, après des études d’anglais à Cambridge, à développer des logiciels et tente de mener, comme il l’explique lui-même, une «vie normale» – son grand rêve suite à son enfance difficile. Mais la normalité, finit-il par s’avouer, n’était qu’une façade, et il décide de se mettre à écrire. Des poèmes d’abord lui valent une petite renommée, son premier recueil THE HOOP paraît en 1988. Puis il passe au roman. Aujourd’hui, John Burnside enseigne le Creative Writing à l’Université de St-Andrew, en Écosse.
Le lexique romantique et toujours très exact de ses poèmes laisse présager lumière et légèreté, mais très vite les ombres surgissent et des formes s’élèvent d’abîmes insoupçonnés. Le rythme et la musicalité ne sont pas la moindre qualité des poèmes de Burnside.
En 2012, John Burnside a reçu le «Spycher: Prix de littérature de Loèche». Dans sa justification, le jury déclarait: «John Burnside, romancier, essayiste, écossais affirmé, est un poète de lumière et de ténèbres. La vigueur de la langue, la fiévreuse élégance avec laquelle il plonge les puissances du bien et du mal dans la pénombre hypnotique de ses proses entraine le lecteur dans son sillage. Et si les romans de Burnside traitent tous de la violence et des démons de nos mondes intérieurs, de l’enfance perdue et des rêves détruits, l’auteur ne laisse jamais son lecteur sans l’espoir que parviennent à instiller les plus belles proses.»
IN HELLEN SOMMERNÄCHTEN. Roman.
LÜGEN ÜBER MEINEN VATER. Roman.
VERSUCH ÜBER DAS LICHT. Gedichte.
Arno Camenisch
Heureux qui a un stammbar. Une institution sociale pourtant menacée de disparition. Le bistrot est une scène de théâtre, où chacun est libre de se mettre en scène. Après on est de nouveau dehors, exposé à tous les vents. Le monde et le bistrot sont deux univers strictement séparés – ce qui ne signifie pas pour autant qu’on ne puisse pas faire entrer le monde dans le bistrot. Où il est soumis aux règles particulières du bistrot. C’est ce que raconte Arno Camenisch dans son petit livre USTRINKATA, qui représente aussi la conclusion de la «trilogie grisonne», débutée en 2009 avec SEZ NER et poursuivie ensuite avec HINTER DEM BAHNHOF en 2011.
La prose d’Arno Camenisch est simple, sans ornement ni jugement. Il se penche avec une grande attention pour les détails sur la vie des habitants de villages alpins. Il donne par là une image intéressante de la Suisse, loin des archétypes.
Hanne Kulessa déclarait sur hr2 à propos d’Arno Camenisch: «Arno Camenisch possède une grande capacité d’observation, de décortiquer leurs actions, pour ensuite les transposer, non pas directement, mais en transformant ces observations en littérature. (...) Camenisch possède une langue très musicale, rythmique et précise – les prémisses nécessaires à la naissance du comique. Car l’effet comique se nourrit d’abord de précision.»
A Loèche-les-Bains, l’auteur présentera des extraits de son tout dernier roman, FRED UND FRANZ.
FRED UND FRANZ. Engeler Verlag 2013
LAS FLURS DIL DI. Prosa romanisch. Engeler Verlag 2013
USTRINKATA. Prosa deutsch. Engeler Verlag 2012
HINTER DEM BAHNHOF. Engeler Verlag 2010
SEZ NER. Engeler Verlag 2009
AMIR HASSAN CHEHELTAN
Né en 1956 à Téhéran, Amir Hassan Cheheltan publiait ses premières nouvelles en 1976. Le deuxième recueil, intitulé LA FENÊTRE MUETTE (1979) allait le faire connaître de la scène littéraire. Après des études d’ingénieur en électrique en Angleterre et un service militaire accompli pendant la guerre du Golf de 1980 à 1988, l’auteur immigre en Italie.
De nombreux textes de Cheheltan sont interdits dans son pays d’origine, l’Iran. D’un autre côté, il fut nominé en 2007 pour un prix littéraire remis par l’État, un honneur qu’il conteste: «J’ai vécu en exil en Iran même», dit-il pour décrire sa situation. Après cinq recueils de nouvelles et sept romans, il est considéré comme l’un des écrivains les plus importants de son pays et s’est construit avec le temps une renommée comme billettiste et feuilletoniste dans les médias internationaux. Il a vécu à Berlin et Los Angeles. Aujourd’hui, il est à nouveau installé à Téhéran.
En Occident, Amir Hassan Cheheltan est très demandé comme interprète et pour ses analyses politiques au sujet de son pays. À propos de son livre TÉHÉRAN. VILLE SANS CIEL, la FAZ écrivait: «Qui veut comprendre à quel point l’Iran est déchiré intérieurement doit impérativement lire ce livre.»
Ce dernier titre, qui referme la trilogie consacrée à Téhéran, Amir Hassan Cheheltan dresse un portrait sévère de l’état de la civilisation de sa patrie. Les livres ont tous été raccourcis par la censure, quand ils n’étaient pas carrément interdits. Quant à son titre TÉHÉRAN, RUE DE LA RÉVOLUTION, Amir Hassan Cheheltan n’a même pas essayé de le soumettre à la censure, tant la situation lui semblait désespérée.
TEHERAN. Stadt ohne Himmel. Eine Chronologie von Albtraum und Tod. Aus dem Persischen übersetzt und mit einem Nachwort von Kurt Scharf. C. H. Beck Verlag 2012
AMERIKANER TÖTEN IN TEHERAN. Ein Roman über den Hass in sechs Episoden. Aus dem Persischen von Susanne Baghestani und Kurt Scharf. C. H. Beck Verlag 2011
TEHERAN REVOLUTIONSSTRASSE. Roman. Aus dem Persischen von Susanne Baghestani. Peter Kirchheim Verlag 2009
KURT DRAWERT
Adolescent déjà, Kurt Drawert passait pour un rebelle et subissait les sévères représailles de son père, officier de police. Parler a toujours été synonyme pour lui de traumatisme, enfant il devait subir le caractère très autoritaire d’un père qui voulait faire apprendre à son jeune garçon l’ABC du socialisme réel à coup de bâton. Son incompétence langagière lui valait régulièrement des séjours prolongés dans l’obscurité de la cave. Et pourtant, il persistait à ne pas vouloir se plier aux règles linguistiques imposées par l’État. Dans l’obscurité de la cave, le jeune Kurt Drawert a forgé sa méfiance envers toute forme de langage établi. Une résistance qui caractérise ses poèmes jusque dans leur microstructure. La parole, écrit Drawert dans ses essais, est un péché. «L’alphabétisation est une image de l’horreur, il faut voir la violence avec laquelle la société impose la domination d’une langue.»
Au cœur de ses poèmes, se trouve presque toujours cette expérience de division intérieure, de perte de confiance en la langue, et de la fragilité de celui qui parle quand il voit son identité menacée par une ordonnance linguistique.
Dans son nouveau livre SCHREIBEN; VOM LEBEN DER TEXTE Drawert décrit la manière dont la langue quotidienne peut devenir un poème, et se penche sur les conditions nécessaires à la littérature. Il compose ainsi une vision singulière de sa pratique poétique, île reposante dans le paysage bavard du marché de la culture. Avec ce dernier livre, Kurt Drawert offre à ses lecteurs l’antidote à la naïveté littéraire, une psychanalyse subtile de la littérature, inspirée du structuralisme français.
SCHREIBEN. Vom Leben der Texte. C. H. Beck Verlag 2012
IDYLLE, RÜCKWÄRTS. Gedichte aus drei Jahrzehnten.
ICH HIELT MEINEN SCHATTEN FÜR EINEN ANDEREN UND GRÜSSTE. Roman. C. H. Beck Verlag 2008
Oswald Egger
Oswald Egger, originaire du Tyrol du Sud, partage aujourd’hui son temps entre Vienne et la piste de lancement de la fusée Hombroich, vers Neuss, suite à une invitation du poète Thomas Kling, aujourd’hui décédé. Au-delà d’une même croyance en la magie des mots, les deux poètes partageaient une passion pour les paysages sud-tyroliens, et un même intérêt pour le troubadour moyenâgeux Oswald von Wolkenstein (Kling est l’auteur du poème-monologue WOLKENSTEIN. MOBILISIERUNG). Avec une affectueuse ironie, Kling appelait Egger «le monstre Horaz, au passeport italien».
Pendant longtemps, Oswald Egger a dirigé les journées culturelles de Lana et publié la revue «Der Prokurist». Dans ses poèmes, Oswald Egger mène une réflexion sur la teneur de la langue, et travaille en continu à en éprouver les limites. La vérité dans ses poèmes apparaît dans un réseau linguistique toujours renouvelé. Ses lectures publiques sont des événements singuliers, car ses textes sont pour beaucoup de véritables partitions langagières, que seule la lecture à voix haute permet de décoder.
Oswald Egger est l’un des rares poètes qui parviennent réellement à ressusciter une langue usée à la communication «commerciale», de manière à ce qu’elle traverse les générations.
Au début de cette année est paru le recueil en prose EUER LENZ qu’Oswald Egger présentera au public du Festival.
EUER LENZ. Prosa. Suhrkamp Verlag 2013
DIE GANZE ZEIT. 800 wortdichte, einnehmende, mit sprachlichem Aplomb vom Autor typografisch gestaltete Seiten.
DISKRETE STETIGKEIT, POESIE UND MATHEMATIK.
Isabelle Flükiger
Intituler son roman BESTSELLER est une action plutôt courageuse et dans ce cas précis très conséquent. Car la protagoniste principale du roman espère justement échapper à la médiocrité de son existence grâce à l’écriture d’un bestseller. Pas si facile quand la médiocrité est comme programmée, pense la jeune femme: «Nous avons étudié en Lettres comme tout le monde, à présent on travaille, comme tout le monde. On s’aime, plus tard on aura des enfants. Le chemin est tout tracé.» Et c’est ce chemin justement qu’elle et son compagnon, son «précieux», désirent éviter, car rien ne leur semble plus terrible que la médiocrité. Une obsession que l’auteure semble partager avec sa narratrice. Mais voilà justement qu’un petit chien, Gabriel, va mettre leur petite vie sens dessus dessous.
La narratrice dans le roman d’Isabelle Flückiger, pour reprendre ce que disait une critique parue dans la NZZ, «jette un regard sans illusion sur les bassesses et les failles du quotidien helvétique. Mais (...) y compris face à une certaine vacuité qui menace sa vie, la narratrice garde constamment une gaieté réconfortante. Qui en même temps ne cesse de faire apparaître ce contre quoi elle se bat.»
Isabelle Flückiger est née en 1979 dans la partie francophone du Canton de Fribourg. Après des études de littérature et de sciences politiques et un séjour prolongé à Berlin, elle vit aujourd’hui à Berne où elle travaille à temps partiel dans l’administration de la Confédération et profite, selon ses dires, de «l’anonymat de la grande ville».
Isabelle Flückiger écrit depuis sa plus tendre enfance. L’écriture est pour elle un espace de liberté totale. En Suisse Romande son nom n’est depuis longtemps plus inconnu: BESTSELLER est déjà son quatrième roman, mais le premier à être traduit en allemand.
BESTSELLER. Editions Faim de siècle, 2011.
L'ESPACE VIDE DU MONSTRE. L'Hèbe, 2007
SE DÉBATTRE ENCORE. L'Age d'Homme, 2004.
DU CIEL AU VENTRE. Editions L'Âge d'Homme, 2003
En allemand:
BESTSELLER. Roman. Aus dem Französischen von
Jonathan Safran Foer
Jonathan Safran Foer, né en 1977, est l’un des auteurs les plus talentueux de la jeune génération d’écrivains américains. Ses romans, EXTRÊMEMENT FORT ET INCROYABLEMENT PRÈS et TOUT EST ILLUMINÉ, sont tous deux devenus des films hollywoodiens au casting formidable: Tom Hanks, Sandra Bullock et Elijah Wood y campent les personnages principaux, entre autres grands noms du cinéma.
Mais Jonathan Safran Foer est plus qu’un exceptionnel conteur: il sait tirer profit de la langue de manière tout à fait étonnante, ou plus exactement de la communication imprimée qu’est l’objet livre. Ce qu’il initiait dans son premier roman TOUT EST ILLUMINÉ s’accomplit dans le deuxième avec brio: surlignages en couleurs, pages flipbook et autres finesses de mise en page. Dans le troisième, TREE OF CODES, l’écrivain pousse le concept encore plus loin: à proprement parler, ce livre est la traduction anglaise du roman polonais ZIMTLÄDEN de Bruno Schulz, mais une traduction entièrement réécrite par Johnathan Safran Foer qui a découpé certains mots afin de produire un sens nouveau. Un travail incroyable, lui-même intraduisible, mais le squelette textuel qui en résulte n’est pas qu’un corps décharné: il transporte avec lui bien du sens, et des sens. L’auteur en fait une expérience littéraire, au-delà des frontières de la langue et de la perception sensorielle.
Jonathan Safran Foer c’est aussi «le végétarien»: il aimerait bien manger des saucisses, mais il y a renoncé. Son récit essayistique EAT ANIMALS décrit très précisément et sans dogmatisme les conditions de production de la viande qui garnit nos assiettes. Après avoir lu son livre, un grand nombre de lecteurs ont comme lui privilégié le plateau de fromage à l’assiette de viande froide.
En français:
FAUT-IL MANGER LES ANIMAUX? Gilles Berton et Raymond Clarinard. Éditions de l'Olivier, 2011
EXTRÊMEMENT FORT ET INCROYABLEMENT PRÈS. Trad. par par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso. Éditions de l'Olivier, 2006
TOUT EST ILLUMINÉ. Trad. par par Jacqueline Huet et
TIERE ESSEN. Aus dem Englischen von Brigitte Jakobeit,
TREE OF CODES. Nur auf Englisch erhätlich. Visual Editions. 2010
EXTREM LAUT UND UNGLAUBLICH NAH. Roman. Aus dem Englischen von Henning Ahrens. Kiepenheuer & Witsch 2005, 2010. Fischer Taschenbuch 2007
ALLES IST ERLEUCHTET. Roman. Aus dem Englischen von
Nora Gomringer
Un monstre se cache-t-il sous le lit? Ou dans l’armoire? – Nos peurs d’enfant, sans doute, ont laissé des traces. Plus tard, nous avons fait la connaissance des formes qui effraient les humains depuis la nuit des temps, et nous avons sursauté dans des fauteuils de cinéma. Dans son dernier recueil de poèmes MONSTER-POEMS, Nora Gomringer fait sortir les monstres du placard: les créatures monstrueuses de la culture populaire affrontent les frayeurs d’enfant et les archétypes de l’horreur. Et ça et là, les poèmes dévoilent encore des monstres que l’on n’avait pas identifiés comme tels.
Depuis son recueil de poèmes en tout cas, KLIMAFORSCHUNG (français: RECHERCHE CLIMATIQUE), on reconnaît à sa juste valeur le travail de la poète Nora Gomringer. Née en 1980, cette poète née (elle est la fille d’Eugen Gomringer, père, quant à lui, de la poésie concrète) est aussi directrice de la Villa Concordia, maison d’artiste à Bamberg. Ses débuts sur la scène de Spoken-Word ne le laissaient pas forcément présager, Nora Gomringer l’a prouvé: elle ne recule pas devant les thèmes difficiles. Ses poèmes sur l’holocauste sont d’une sensibilité extrême, et constituent une part réellement émouvante de son œuvre.
Nora Gomringer doit une bonne partie de son succès à la qualité de ses présentations. Une formation en chant classique confère à la poète une force d’expression hors du commun, sans parler du plaisir du jeu qui l’anime et la pousse à explorer les moindres recoins de la langue et de la voix. Quand Nora Gomringer est sur scène, il faut compter avec des cris, des échos, des couinements, des murmures, des chants et des hourras!
Le livre MONSTER-POEMS, d’ailleurs, offre un plaisir multiple: la poète a enregistré elle-même un CD audio inclus et Reimar Limmer a capturé les monstres en questions dans des illustrations aussi belles qu’effrayantes.
Titre disponible en français:
RECHERCHE CLIMATIQUE. Trad. de l’allemand par Vincent Barras. Éd. d’en bas, 2011
Monster Poems. Mit Illustrationen von Reimar Limmer und Audio-CD. Voland & Quist 2013
ICH WERDE ETWAS MIT DER SPRACHE MACHEN. Essays, Glossen und Reden. Voland & Quist 2011
MEIN GEDICHT FRAGT NICHT LANGE. Gedichte.
NACHRICHTEN AUS DER LUFT. Gedichte. Voland & Quist 2010
Helon Habila
Helon Habila est né en 1967 au Nigeria. Il a étudié la littérature et enseigné à l’université avant de partir travailler comme journaliste au Lagos. Aujourd’hui il enseigne le creative writing à la George Mason University à Fairfax et vit avec sa famille entre les USA et le Nigeria. Dès juillet 2013 et pour une durée d’un an, Habila est résident de la maison d’auteurs DAAD à Berlin. Sa première œuvre littéraire WAITING FOR AN ANGEL a été traduite en plusieurs langues déjà et plusieurs fois récompensée. D’autres succès internationaux ont suivi.
À Loèche-les-Bains, Habila présentera son troisième roman, OIL ON WATER, paru en langue originale en 2010. Il s’agit de son premier texte traduit en allemand. L’histoire se joue dans le Delta du Niger, un lieu où tant lles grandes entreprises de pétrole que les troupes rebelles portent atteinte sans remords à la nature et aux êtres humains de la région, guidés par la seule soif du profit.
Le roman de Helon Habila s’ouvre sur la disparition de l’épouse d’un collaborateur haut placé d’une entreprise d’extraction. Rufus le jeune journaliste, accompagné d’un paparazzi vieillissant, Zaq, part à la recherche de l’enlevée. Les deux hommes effectueront une véritable plongée dans les ténèbres. Seront-ils de taille à affronter la monstruosité et l’inhumanité du monde qu’ils découvrent?
«Die Zeit»: «Il est rare qu’un roman policier soit aussi poétique et aussi nécessaire.« Mais OIL ON WATER n’est pas seulement un roman policier sur fond d’écologie, c’est aussi un roman d’apprentissage, un thriller politique et un touchant roman d’amour. Son statut de roman policier offre au moins à ce livre l’attention qui lui est due. Une attention qui aura, on l’espère, bientôt des répercussions sur le restant de l’œuvre d’Helon Habila, une pointure littéraire dont la renommée aux USA et en Angleterre n’est plus à démontrer depuis longtemps.
Titres disponibles en français:
LA MESURE DU TEMPS. Trad. de l’anglais par Elise Argaud.
EN ATTENDANT UN ANGE. Trad. de l’anglais par Elise Argaud. Actes Sud, 2004
ÖL AUF WASSER. Roman. Aus dem Englischen von
Antjie Krog
D’Antjie Krog on dit qu’elle serait le pendant féminin de Pablo Neruda pour l’afrikaans. Ce sont les mots de Joan Hambridge, chercheuse littéraire, spécialiste des littératures africaines, à propos de cette poète sud-africaine née en 1952. Et effectivement Krog est une voix importante en Afrique du Sud. Parmi la population mixte de ce pays qui en 1994 surmontait l’apartheid sous la gouvernance de son premier président noir Nelson Mandela. On pourrait presque dire qu’elle a un statut d’icône, elle qui a depuis le début accompagné de ses écrits les longs cheminements du pays, offrant toute l’empathie et le courage dont elle était capable.
La question difficile et ambivalente de l’identité est au cœur de son travail de poète et d’écrivaine.
Krog elle-même s’est positionnée depuis le début en tant que journaliste. Elle publie ses premiers articles en 1974, en 1993/94 elle devient éditrice du «Suid-Afrikaan», important magazine de l’époque, résolument positionné à gauche. Elle s’oriente ensuite vers la radio et devient en 1996 une des voix importantes parmi ceux qui informent sans discontinuer des faits et bienfaits de la Commission de vérité et réconciliation mise en place par le président Nelson Mandela. Antjie Krog, la poète, devient sous son nom d’alliance, Antjie Samuel, la chroniqueuse d’une pléthore de crime et d’actes inhumains. Ce travail la rend plus célèbre que toutes ses actions auparavant.
Afin de supporter la souffrance incommensurable qu’elle remue et révèle par là au grand jour, Antjie Krog retranscrit les histoires des bourreaux et des victimes. En 1998 paraît ainsi COUNTRY OF MY SKULL, un des documents les plus importants sur une nation qui pour se construire dans le futur doit regarder en arrière. «Chaque Sud-Africain», dit Krog, «a une demi-mémoire – une blanche ou une noire. (...) Grâce à la commission de vérité, on crée pour la première fois un souvenir commun, un passé sud-africain partagé.»
Titres disponibles en français:
LA DOULEUR DES MOTS. (Titre original COUNTRY OF MY SKULL), traduit de l'anglais par Georges Lory. Actes Sud, 2004
NI PILLARD, NI FUYARD, poèmes. (1969–2003) traduits de l'afrikaans par Georges Lory. Éditions Le Temps qu'il fait, 2004
«DER GRUND, WARUM MAN POESIE MAG, LIEGT DARIN, DASS MAN SIE HÖRT, WENN MAN SIE LIEST». In: Manfred Loimeier: Wortwechsel. Gespräche mit afrikanischen Autorinnen und Autoren. Horlemann Verlag 2002
Michael Krüger
Michael Krüger, né en 1943, vit à Munich. Devenu libraire à Londres après deux apprentissages d’employé de commerce et d’imprimeur, accomplis en parallèle, et pendant lesquels il trouvait encore le temps de suivre des cours de philosophie, Michael Krüger est lié dès 1968 au destin des éditions Carl Hanser. D’abord lecteur-éditeur, il en prend la direction littéraire, en 1986, et enfin exécutive, dès 1995. Krüger est l’auteur de nombreux nouvelles et romans, ainsi que de plusieurs recueils de poèmes.
«La double casquette de Michael Krüger, pragmatique et commerciale, d’un côté, et toute tendue vers les hautes sphères de la philosophie et de la poésie, de l’autre, a de quoi renforcer le mythe de l’éditeur-écrivain.», écrivait déjà le journal «Die Welt» en 1999. Et en 2011, quand il devint clair que Michael Krüger remettrait début 2014 les rênes de sa maison d’édition, Iris Radisch déclarait dans l’hebdomadaire «Die Zeit»: «Michael Krüger est l’archétype de l’éditeur ancienne mode. Son instinct pour les futurs prix Büchner ou Nobel est légendaire.»
Michael Krüger considère la poésie comme la forme la plus noble de littérature et s’est fixé comme but de «démontrer à l’humanité qu’un jour sans lire un poème est un jour de perdu». Dans son recueil de poèmes INS REINE (AU PROPRE), le poète renoue sans romantisme avec la poésie de la nature, et ralentit la marche du monde. Sa poésie est toute faite de désir et de tension, sans qu’aucune résolution ou aucune plénitude ne soit jamais attendue.
Et pour surmonter l’épreuve de la retraite, Michael Krüger a déjà prévu de quoi s’occuper: «J’aurai enfin le temps, j’espère, pour travailler à un roman que j’ai commencé il y a bien longtemps. Il comptera plus de 800 pages. (...) Ce sera certainement un des gros livres (rires)... de la rentrée littéraire 2016.»
Au Festival de littérature de Loèche-les-Bains, Michael Krüger présentera ses poèmes, et le public pourra également le retrouver pour une discussion avec son successeur, Jo Lendle; l’occasion d’évoquer l’histoire des éditions Hanser, cette année de transition qu’est 2013 et de lancer quelques projets pour le futur.
INS REINE. Gedichte. Suhrkamp Verlag 2010
LITERATUR ALS LEBENSMITTEL. Reden und Aufsätze.
KURZ VOR DEM GEWITTER. Gedichte. Suhrkamp Verlag 2003
ARCHIVE DES ZWEIFELS. Gedichte aus drei Jahrzehnten. Suhrkamp 2001
Hartmut Lange
Depuis plus de trente ans, l’écrivain allemand Hartmut Lange écrit des formes courtes, longues nouvelles ou brefs romans. Au tout début, Harmut Lange écrivait des pièces de théâtre: en ancienne RDA, il était dramaturge. À la fin des années 50, il étudie la dramaturgie dans une haute école des studios Babelsberg à Potsdam. De 1961 à 1964, il exerce ensuite sa profession au Deutsches Theater de Berlin Est. Mais sa pièce MARSKI, réalisée pour ce théâtre, tombe sous le coup de la censure en 1963.
Après avoir fui la RDA par la Yougoslavie, en 1965, l’auteur se tourne vers la prose, privilégiant les formes courtes, communément méprisées par les lecteurs de romans. C’est sans doute là une des raisons pour lesquelles cet auteur est resté si longtemps inconnu du grand public. Dans ses écrits, Hartmut Lange ne se penche pas seulement sur l’actualité, il jette également un oeil du côté de l’éternel, du récurrent, du persistant dans l’humain. Ainsi de son dernier recueil DAS HAUS IN DER DOROTHEENSTRASSE. Cinq petits chefs-d’œuvre, dans lesquels l’auteur ouvre, comme à son habitude, un passage de la réalité au surréalisme.
Hartmut Lange y décrit la capacité humaine à conférer plus de réalité à ses propres pensées qu’aux événements quotidiens. Où est la vérité, où le mensonge? Les habitudes n’étaient-elles pas une manière de fermer les yeux, jusqu’à ce qu’un jour, le réveil en sursaut nous force à voir? Le seul fait d’imaginer une autre possibilité peut devenir une obsession, à laquelle il est ensuite impossible d’échapper.
«Les bons romans sont écrits par ceux qui n’ont pas peur», a un jour écrit George Orwell. Hartmut Lange est l’un d’eux.
DAS HAUS IN DER DOROTHEENSTRASSE. Novellen.
POSITIVER NIHILISMUS: MEINE AUSEINANDERSETZUNG MIT HEIDEGGER. Reden und Aufsätze. Matthes & Seitz 2013
IM MUSEUM. Roman. Diogenes Verlag 2011
GESAMMELTE NOVELLEN IN ZWEI BÄNDEN.
Katja Lange-Müller
Katja Lange-Müller est née en 1951 à Berlin Est. Après avoir été renvoyée à 16 ans de l’école pour «comportement non socialiste», elle se lance dans un apprentissage de typographe. Par la suite, elle travaillera comme aide-soignante dans des hôpitaux psychiatriques, passera un an en Mongolie et finira par quitter la RDA, cinq ans avant la chute du mur.
Ses textes se distinguent par leur profonde humanité et la subtilité de leur langue. Il y est souvent question de marginaux, dont l’auteur décrit le destin à sa manière, affectueuse parfois un peu brouillon, voire ironique. «Ce ne sont pas des histoires de salon, plutôt des histoires de pas bien peignés» s’amuse Katja Lange-Müller. Sa passion du détail et sa capacité à développer tous les arômes d’une langue réduite à son strict nécessaire sont deux des outils les plus précieux de l’auteur. En 1988, son livre KASPAR MAUSER – DIE FEIGHEIT VORM FREUND lui permet de percer le milieu littéraire. Le récit séduit par son humour acerbe et amer à la fois, réduisant la division allemande à néant, encore avant que le mur ne tombe réellement. Katja Lange Müller fait appel à des thèmes tirés de son expérience personnelle: l’école dans l’Allemagne de l’Est des années soixante dans son roman VERFRÜHTE TIERLIEBE, le monde du travail dans les années 70 dans DIE LETZTEN, qui rend hommage aux corporations d’imprimeur et de typographe, disparues depuis longtemps, ou encore les premières années à Berlin Ouest dans BÖSE SCHAFE qui relate une histoire d’amour improbable entre un junkie et une ostie.
Lors du Festival de littérature de Loèche-les-Bains, Katja Lange-Müller lira en avant-première des extraits de son tout dernier roman, encore inédit.
En français:
VILAINS MOUTONS. Trad. de l’allemand par Barbara Fontaine. Épuisé.
BÖSE SCHAFE. Roman. Kiepenheuer & Witsch 2007
DIE ENTEN, DIE FRAUEN UND DIE WAHRHEIT. Erzählungen und Miniaturen. Kiepenheuer & Witsch 2003
DIE LETZTEN: AUFZEICHNUNGEN AUS UDO POSBICHS DRUCKEREI. Kiepenheuer & Witsch 2000
Luljeta Lleshanaku
Luljeta Lleshanaku est née en Albanie. Elle a étudié les Lettres à l’Université de Tirana, où elle vit encore aujourd’hui. Elle traduit de l’américain et écrit pour le journal du pays, «Rlindja». Au temps de la dictature communiste, le pays était au fait d’une rude répression, et ce n’est qu’après la chute du dictateur Enver Hoxhas qu’elle put accéder à des études universitaires. Depuis 1993, elle a publié huit recueils de poèmes.
Les poèmes de Lleshanaku sont très narratifs. Ils racontent des histoires dont on croit reconnaître les protagonistes: un vieux père à qui l’on ne rend pas assez souvent visite. Le goût du lait. Le premier rasage. Pourtant, la poète a une manière inédite de raconter ces petits événements du quotidien. Sa langue est d’une précision extrême, marquante, sensible et pleine d’humour. Chaque tournure de phrase est surprenante, sans qu’elle paraisse toutefois recherchée – elle est au contraire d’un grand naturel et d’une incomparable clarté.
Dans son recueil KINDER DER NATUR, recueil traduit entre autres en allemand et en anglais, la poète part à la recherche de son enfance et c’est-à-dire des souvenirs de l’époque où le communisme albanais était à son apogée.
C’était une époque de prières secrètes, parce que la pratique de la religion était interdite, une époque de lectures secrètes, parce que la majorité de la littérature européenne était interdite par la censure.
Là, parmi les petits villages de montagne, les châtaigniers et les trajectoires décalées, là où «le printemps tue la solitude avec sa solitude» – personne n’a pitié de personne et il n’y a ni victimes, ni bourreaux. Tout au plus une forme de puissance supérieure, avec laquelle il faut s’arranger pour pouvoir continuer à vivre.
KINDER DER NATUR. Gedichte. Albanisch/Deutsch. Aus dem Albanischen von Andrea Grill. Edition Korrespondenzen 2010
Jo Lendle
Jo Lendle est né en 1968 à Osnabrück. Il a étudié la littérature et les sciences de la culture à Hildesheim, Montréal et Leipzig. Rédacteur en chef de la revue littéraire «Edit» pendant quelques années, il a également enseigné dans plusieurs universités. Jusqu’en mars 2013, il était éditeur dans la maison d’édition DuMont, dès 2014 il succèdera à Micahel Krüger aux Éditions Hanser. Un changement qui pourrait porter de nouveaux fruits dans une maison dont la réputation n’est plus à faire: Jo Lendle est connu comme éditeur ouvert aux nouvelles technologies.
À côté de l’édition, Jo Lendle écrit de magnifiques romans. Deux activités dont la compatibilité ne s’est pas révélée évidente, comme le confiait Jo Lendle au POETENLADEN dans un interview: «L’éditeur, disait-il, se trouve dans la position de toujours remettre en question la littérature, alors qu’en tant qu’écrivain il faut se confondre dans une large mesure avec la littérature qu’on produit. Il faut donc trouver sa place entre les deux.» Un difficile exercice qu’il semble avoir parfaitement réussi.
Dans son roman ALLES LAND à propos d’Alfred Wegener, le climatologue allemand devenu célèbre pour sa théorie sur la dérive des continents, Jo Lendle entraine ses lecteurs loin dans les glaces éternelles, sans leur épargner aucun effort intellectuel ni physique. Mais Jo Lendle est un guide de voyage très charismatique – on le suit avec plaisir sur ses chemins poétiques.
Au Festival de littérature de Loèche-les-Bains, Jo Lendle présentera son nouveau roman. Ce sera également l’occasion pour le public de le retrouver pour une discussion avec le directeur sortant du Hanser Verlag, Michael Krüger; afin d’évoquer l’histoire des éditions Hanser, cette année de transition qu’est 2013 et de lancer quelques projets pour le futur.
ALLES LAND. Roman. DVA 2011
MEIN LETZTER VERSUCH DIE WELT ZU RETTEN. Roman.
DIE KOSMONAUTIN. Roman. DVA 2009
Gertrud Leutenegger
Gertrud Leutenegger a grandi dans le Canton de Schwyz et vécu plus tard quelque temps en Suisse romande et italienne. Elle étudia la mise en scène à l’Académie de théâtre de Zurich, qu’elle exerça ensuite en 1978 à Hambourg auprès de Jürgen Flimm. Après une vie de nomade, faite de nombreux voyages à Florence, à Berlin, pour finalement s’arrêter plus longuement au Japon, Gertrud Leutenegger vit aujourd’hui à Zurich.
Gertrud Leutenegger est avant tout une grande conteuse, y compris lorsqu’elle confronte dans des essais sa vision du monde dans lequel elle vit – ses lieux, ses paysages et leur dépérissement menaçant. Ses livres semblent avoir une manière singulière, bien à eux, de se dérouler. À l’origine de son écriture se trouve une poétique de vie suscitant une langue à demi-mot, sensible et douce. Ses textes et ses romans n’essaient jamais de lisser ni de résoudre les paradoxes du quotidien.
Les récits de Getrud Leutenegger sont caractérisés par la récurrence des motifs de l’air, des rêves nocturnes et des souvenirs, utilisés pour définir les personnages.
À Loèche-les-Bains, Getrud Leutenegger présentera son nouveau roman, à paraître en 2014 chez Suhrkamp.
Titres disponibles en français:
MATINES DE L'OISELEUR. Trad. de l’all par Yves Guignard. Éd. Zoé, 2011
MATUTIN. Roman. Suhrkamp Verlag. Berlin 2008
GLEICH NACH DEM GOTTHARD KOMMT DER MAILÄNDER DOM. Suhrkamp Verlag. Berlin 2006
POMONA. Roman. Suhrkamp Verlag. Berlin 2004
Jonas Lüscher
Le premier roman de Jonas Lüscher FRÜHLING DER BARBAREN a récolté dès sa sortie un franc succès. Succès critique comme public: le livre paru en janvier de cette année devait déjà être réédité en avril.
Le personnage central du récit de Jonas Lüscher est l’héritier des usines Preising, qui lors d’un séjour pour affaires dans un hôtel de luxe tunisien est témoin des coûteuses préparations d’un mariage d’une riche famille anglaise, visiblement issus du monde londonien de la finance – au même moment, les alarmes de crises financières se font plus pressantes. La lire anglaise dégringole, l’Angleterre déclare faillite, laissant craindre d’imprévisibles conséquences qui ne tardent pas à inquiéter la Tunisie. Preising, bien que protégé en tant que Suisse des pires conséquences, assiste à la catastrophe et fait l’expérience avec les autres de la fragilité du vernis civilisé, forcé lui aussi de tirer les leçons de la globalisation: son entreprise finalise les produits en Tunisie.
Le Tages-Anzeiger constatait à quel point LE PRINTEMPS DES BARBARES faisait partie de cette littérature «consciente de son artificialité au point de la mettre en scène.»
Né en Suisse en 1976, Jonas Lüscher vit aujourd’hui à Munich. Après une formation comme enseignant de primaire à Berne, il a passé quelques années à travailler dans l’industrie du cinéma et puis a rejoint la Haute Ecole de Philosophie à Munich. Aujourd’hui, il est doctorant à la chaire de philosophie de l’EPF de Zurich. Le thème de sa thèse vaut la peine d’être relevé: il cherche à prouver que la narration représente un outil bien plus adapté que les modèles mathématiques «favorisés de nos jours» pour la description de problèmes sociaux complexes.
FRÜHLING DER BARBAREN. Novelle. C. H. Beck 2013
Roger Monnerat
Roger Monnerat, né en 1949, s’engage très tôt chez les «Neuen Linken» et participe à la fondation de l’hebdomadaire «WOZ», où il a travaillé en tant que rédacteur jusqu’en 2003. Il est aussi co-fondateur du journal de la ville de Bienne, le «Dementi». Depuis l’an 2000, il présente ses chansons avec Stephan Anastassia, des chansons «reprenant la vieille tradition minnesang, la poésie courtoise» (d’après Viceversa littérature).
C’est déjà la cinquième fois qu’il honore le Festival de Loèche-les-Bains de sa présence. Cette année, il présentera au public des extraits de son dernier roman, qui comme la plupart des livres de Monnerat, porte un titre qui raconte déjà toute une histoire: DAS MARIENBADSPIEL – UND EIN MERCEDES FÜR MARJAMPOLE. Comme l’indique le mot Mercedes dans le titre, il s’agit effectivement d’un roman en forme de roadmovie, mais pas seulement. Roger Monnerat raconte l’histoire de Gianluca Pelli, un Italien à Karlsruhe, et René Dubois, un Français à Bâle. Ils partent ensemble, traçant une route de Karlsruhe à Marienbad. 300 kilomètres sur les routes de campagne, à travers un pays vieux comme le monde, dans lequel une équipe de tournage chinoise tourne le NARCISSE ET GOLDMUND d’Hermann Hesse. La Mercedes est à Pelli, année 1988, avec des décorations en bois de cerisiers et des pneus à flancs blancs. Dubois sait conduire.
Arriver à Marienbad, Pelli et Dubois font la connaissance des sœurs jumelles Anna et Olga Stanec et les choses suivent leur cours. L’hôtel brûle, des fier-à-bras s’en prennent aux pneus à flancs blancs – Dubois et Pelli assistent au vêlage d’une vache. Ils jouent le jeu de Marienbad.
DAS MARIENBADSPIEL – UND EIN MERCEDES FÜR MARJAMPOLE. Ein Bericht. Bilgerverlag 2013
KATZENPFADE. Hinterhof, Garten und Vorstadt. 219 Strophen. édition sacré 2012
AM ENDE DER RHEIN. Vom Verschwinden der Realien im Hafen von Rotterdam. édition sacré 2011
Connie Palmen
Connie Palmen vit à Amsterdam. Son style aiguisé, la richesse des pensées développées font de ses livres de précieux compagnons. À la lecture ils peuvent s’avérer déconcertants et exigent souvent du lecteur un effort de réflexion; un effort que chaque page cependant récompense.
Son premier roman, LES LOIS (inédit en français), livre culte des années 90 et bestseller international, offre un audacieux mélange d’histoires d’amour non conventionnelles et de roman d’apprentissage modernisé. Son succès propulsa Connie Palmen en tête des charts, faisant d’elle l’une des écrivaines les plus connues de son pays.
Six semaines après la mort de son partenaire, Hans van Mierlo, l’auteure se met à prendre des notes. «Je dois écrire contre l’oubli» constate-t-elle dans le livre qui suivra: LOGBUCH EINES UNBARMHERZIGEN JAHRES.
Personnage public lui aussi, Van Mierlo était l’un des politiciens les plus appréciés d’Hollande, souvent surnommé le «Kennedy des Pays-Bas». Dans son livre, Connie Palme revient sur leur années de vie ensemble, et décrit la maladie, la mort de son compagnon et le deuil et le désespoir qui l’ont accompagné.
Malgré la radicalité de sa langue et la simplicité avec laquelle elle écrit sa souffrance, la lecture frôle la limite du supportable, bouleverse et fascine le lecteur en même temps.
Connie Palmen décrit à fleur de peau la douleur de perdre pour toujours un être aimé. Et au-delà de la perte, de la souffrance et du deuil, c’est l’amour le véritable thème de ce livre.
LOGBUCH EINES UNBARMHERZIGEN JAHRES. Roman. Aus dem Niederländischen von Hanni Ehlers. Diogenes Verlag 2013
LUZIFER. Roman. Aus dem Niederländischen von Hanni Ehlers. Diogenes Verlag 2010
GANZ DER IHRE. Roman. Aus dem Niederländischen von
David Van Reybrouck
Le «Congo» est associé chez la plupart des gens à la violence dans ses formes les plus terribles – le carnage organisé de population sans défense par d’immenses groupes d’hommes et même d’enfants, toléré par la communauté internationale.
David van Reybrouck raconte l’histoire du Congo comme nous ne l’avons jamais lue. De la domination coloniale sous Leopold II à travers la longue dictature de Mobutu (32 ans!) jusqu’à aujourd’hui, l’auteur esquisse une fresque historique en adoptant la perspective de ceux qui ont vécu, combattu et souffert dans ce pays, le leur. Au centre du récit se trouvent les rêves, les espoirs, le destin enfin de la population, de gens simples.
Le résultat est impressionnant. Un livre fulminant, qui n’hésite pas à désigner la République libre du Congo, marquée à la fin du 19e siècle par d’effroyables pratiques impériales, comme étant l’un des États les plus étranges de l’Afrique subsaharienne. «Qui fait office d’exemple, dans l’histoire du colonialisme, en matière d’exploitation et de violence absolument excessives.»
Pour écrire ce livre l’auteur a entrepris de nombreux voyages au Congo, où il a récolté quantité de témoignages, exceptionnels pour la plupart. Son interlocuteur le plus âgé était né en 1882. Sa voix et celle d’une centaine d’autres personnes – enfants-soldats, dirigeants de troupes rebelles, politiciens, missionnaires, etc. – enrichissent ce livre et lui confèrent une portée capitale.
KONGO. Eine Geschichte. Suhrkamp Verlag 2012
Salman Rushdie
Salman Rushdie est né en 1947 à Bombay et a étudié l’histoire à Cambridge. Son roman LES ENFANTS DE MINUIT lui valut une reconnaissance planétaire. Ses livres ont été maintes fois distingué, entre autres par le Booker Prize, et sont traduits en de nombreuses langues. En 1996, il a reçu le prix littéraire Aristeion de l’UE pour l’entier de son œuvre. En 2008, il a été adoubé par la reine d’Angleterre.
Joseph Anton, paru l’année dernière dans plus de cinquante pays à la fois, raconte les années qui ont suivi l’appel de l’ayatollah Khomeini en février 1989, ordonnant à «l’ensemble des musulmans» de le tuer. Des années durant lesquelles Salman Rushdie a dû vivre caché dans des appartements secrets, sous un faux nom, sous constante surveillance.
Le jour où la police vint libérer Salman Rushdie de cette clandestinité, il choisit Joseph Anton comme nouveau nom, en hommage à ses deux écrivains préférés: Joseph Conrad et Anton Tschechow.
Quand les guides de la révolution islamiste désignèrent Salman Rushdie comme leur ennemi, ils savaient exactement ce qu’ils faisaient. L’auteur est à l’époque comme la promesse littéraire d’un avenir neuf, plus coloré, plus multiculturel – et il avait lui-même réalisé déjà cette promesse en combinant son origine indienne avec le roman, un médium occidental. La Fatwa ne visait donc pas quelque chose d’aussi grand qu’un écrivain. Elle devait diviser, différencier, elle devait séparer ce qui avait été mélangé.
Le lecteur connaît le chapitre de l’histoire auquel Salman Rushdie se rattache. Et si l’écrivain raconte ces dix ans sur un ton badin, le tout fait l’effet d’une bombe. Comme pour le récit de son apparition avec Bono lors d’un concert de «U2» – où quand l’absurde rencontre l’absurde.
Titres disponibles en français:
JOSEPH ANTON. Trad. de l’anglais par Gérard Meudal. Plon, 2012
LES ENFANTS DE MINUIT. Trad. de l’anglais par Jean Guiloineau. Plon, 1997
et d’autres...
JOSEPH ANTON. Die Autobiografie. Aus dem Englischen
OSTEN, WESTEN, GESCHICHTEN. Aus dem Englischen von Gisela Stege. rororo Taschenbuch 2010
SATANISCHE VERSE. Roman. Erstmals 1988 erschienen.
MITTERNACHTSKINDER. Roman. Erstmals 1983 erschienen.
Joachim Sartorius
Joachim Sartorius est poète, essayiste et éditeur des œuvres complètes de Malcolm Lowry et de William Carlos Williams. Il est aussi traducteur, entre autres de John Ashbery, Wallace Stevens et E.E. Cummings, et il a récemment publié l’«Atlas der neuen Poesie». Après deux décennies de service diplomatique à New-York, Istanbul, Prague et Chypre, il fut secrétaire général du Goethe Institut et dirigea les Festspiele de Berlin de 2001 à 2011.
On ne peut guère imaginer de plus puissant passeur pour la poésie. Les voyages d’un continent à l’autre, entre les époques et les cultures; les rencontres, les lectures marquent son œuvre et lui permettent de démontrer que la poésie n’est pas qu’une affaire européenne.
En plus de son activité de poète, Joachim Sartorius se plaît à faire le récit de ses séjours, tout particulièrement dans les régions méditérannéennes. Il a passé trois ans à Chypre, et il y retourne aujourd’hui, revient à travers l’écriture aux cultures et aux légendes qui peuplent l’île, à ses couleurs, à ses lumières. Il se penche sur l’histoire agitée de l’île, sa division après l’invasion turque en 1974 et la situation actuelle, difficile. Pourtant le livre n’est pas l’œuvre d’un historien ni d’un politicien, mais véritablement celle d’un poète, qui tente avec l’aide de ses amis – des Grecs comme des Turcs habitant sur l’île – de comprendre Chypre.
MEIN ZYPERN. Mare Verlag 2013
DIE PRINZENINSELN. Mare Verlag 2009
HÔTEL DES ÉTRANGERS. Gedichte.
Marie-Luise Scherer
Toutes les disciplines ont leurs divinités. Parmi les journalistes, Marie Luise Scherer, collaboratrice de longue date de l’hebdomadaire «Spiegel», dont les reportages ont fait date, fait office de telle divinité.
En bonne journaliste, Marie-Luise Scherer ne raconte pas d’histoires. La nouvelle édition de ses reportages parisiens s’intitule pourtant bien LA BÊTE DE PARIS ET AUTRES HISTOIRES. Et ils font partie, à en croire Magnus Enzensberger, «du noyau dur de la littérature germanophone de la dernière décennie.»
La journaliste a réalisé les reportages rassemblés dans ce livre dans les années 80, pour le Spiegel. À cette époque, les meurtres en série de retraitées françaises semaient la panique et l’effroi dans le quartier de Pigalle. Des événements rapportés par Scherer avec une précision hyperréaliste. Impassible, la journaliste décrit les dernières heures des victimes et les tentations des bas-fonds parisiens. Cela lui permet de traiter sans en avoir l’air les thèmes du racisme, de la violence et de la prostitution. Derrière les meurtres se cache l’histoire de vie de deux hommes, des marginaux qui seront présentés suite à leur arrestation comme de véritables «bêtes» semblant incorporer tous les clichés liés au milieu dont ils sont issus. Ils symbolisent à la fois le produit de la société française et la menace pesant sur elle.
Ce reportage, comme certains autres signés Marie-Luise Scherer (à propos des défilés de mode parisiens, du dernier surréaliste Philippe Soupault ou encore de la transposition au cinéma de la «Recherche» de Proust par Volker Schlöndorff) étaient déjà parus une première fois en 2004. C’est aujourd’hui la maison d’édition berlinoise Matthes & Seitz qui permet la redécouverte de cette série de reportages.
DIE BESTIE VON PARIS UND ANDERE GESCHICHTEN.
Robert Schindel
Vingt après son roman GEBÜRTIG, l’écrivain autrichien publie un deuxième roman: DER KALTE. Mêlant les sphères privée et politique, l’intrigue se déroule dans la Vienne des années 1980, dans le milieu artistico intellectuel des salons de thé, caractéristiques de la ville. Beaucoup de personnages de cet ouvrage complexe comportent les traits de personnages réels – politiciens de l’époque, artistes ou intellectuels.
Robert Schindel compose ainsi une œuvre qui empêche de reléguer l’histoire dans les livres d’école et refuse l’oubli. Donner aux faits un visage, représenter un destin autrement qu’en dates, c’est là tout l’art de l’écrivain rendant compte de son époque de sorte que le lecteur en garde quelques images et l’envie d’interroger les événements. Ici, l’écrivain nous propose une confrontation directe avec les mythes politiques de l’Autriche et ses tentatives pour oublier les taches sombres. Afin de rappeler l’importance du souvenir.
L’affaire «Waldheim», un catalyseur pour la société autrichienne des années 80, sert de cadre politique pour le roman. Deux autres scandales historiques y sont également évoqués: Le scandale suscité par la première représentation en 1988 de la pièce de Thomas Bernhard «Heldenplatz», juste en même temps que le 50e anniversaire de l’Anschluss. Et d’autre part, le débat autour du mémorial d’Alfred Hrdlickas, contre la guerre et le fascisme. Un débat qui a lui aussi eu lieu en 1988.
Robert Schindel, né en 1944 en Haute-Autriche, a très tôt été séparé de ses parents résistants. Son père est mort à Dachau, sa mère a survécu à Auschwitz. Il appelle Vienne la «capitale de l’oubli».
L’auteur présentera son roman DER KALTE pour la première fois au public suisse, à l’occasion du Festival de Loèche-les-Bains.
Titres disponibles en français:
LE MUR DE VERRE. Trad. de l’allemand par Anne-Marie Geyer. Stock, 2005
DER KALTE. Roman. Suhrkamp Verlag 2013
MAN IST VIEL ZU FRÜH JUNG. Essays und Reden.
MEIN MAUSKLICKENDES SAECULUM. Gedichte.
GEBÜRTIG. Roman. Suhrkamp Verlag 1992/1994