AUTEURS ET AUTEURES
Adriana Altaras
James Baldwin
présenté par Rolf Hermann
Rolf Hermann
Sabrina Janesch
István Kemény
A. L. Kennedy
Gilles Leroy
Nina Maria Marewski
Olga Martynova
Francesco Micieli
Valzhyna Mort
Melinda Nadj Abonji
Samuel Pepys, lu par
Gerd Haffmans et Monika Schärer
Jürgen Ritte / Oulipo
Oksana Sabuschko
Michail Schischkin
Clemens J. Setz
Sjón
Peter Stamm
Christian Uetz
Martin Walker
Anna Weidenholzer
Ernest Wichner
Adriana Altaras
Adriana Altaras est née en 1960 à Zagreb. Après des études de théâtre, elle fonde à Berlin le «Theater zum Westlichen Stadthirschen», ce qui lui permet aussi bien de jouer, mettre en scène et écrire ses propres pièces. En 2001, elle signe la mise en scène allemande des «Monologues du vagin», qui reçoit un accueil phénoménal. Elle a en outre été récompensée plusieurs fois pour ses prestations scéniques. Adriana Altaras vit à Berlin. Elle a deux fils et une ceinture brune de karaté. «Titos Brille» est sa première œuvre en prose.
«Die Geschichte meiner strapaziösen Familie» (L’histoire de mon éprouvante famille) signale le sous-titre du livre, qui échappe pourtant avec succès à une qualification quelle qu’elle soit, d’autobiographie ou de roman. Adriana Altaras raconte l’histoire de sa famille juive. Au décès de ses parents, elle doit s’occuper de la succession. Une drôle de succession en vérité, des objets accumulés pendant 40 ans, des lettres émouvantes et de très très vieilles photos. Adriana Altaras laisse alors la parole aux morts, et les histoires qu’ils racontent s’assemblent pour former l’histoire d’une famille marquée par l’exil et les persécutions nazies, mais qui est toujours parvenue à conserver son indépendance et ses particularités.
«Titos Brille» est un livre drôle et chaleureux, une histoire touchante qui témoigne d’un regard intelligent sur le passé comme sur le présent. Adriana Altaras raconte l’exil et les fêtes juives, l’âne italien et l’allergie à la poussière provoquée par la télévision allemande – chaque histoire est une pierre de la grande mosaïque qui compose la vie.
Titos Brille. Die Geschichte meiner strapaziösen Familie. Kiepenheuer & Witsch 2011
James Baldwin
«Ainsi que j’ai pu en faire l’expérience, aucun homme noir avant moi n’avait jamais pénétré ce petit village suisse. On m’avait prévenu avant mon arrivée, que je risquais fort de passer pour une ‹curiosité›.» Ainsi commence l’essai «Un étranger au village» de l’écrivain afro-américain James Baldwin. Le texte a été écrit à Loèche-les-Bains où l’écrivain a séjourné trois fois entre 1951 et 1953 pour terminer son premier roman, «Go Tell it on the Mountain». L’expérience s’est révélée monumentale – autant pour l’écrivain que pour les villageois.
À l’époque où James Baldwin visite Loèche-les-Bains, il a déjà acquis une certaine renommée aux Etats-Unis en tant que critique et essayiste. Né en 1924 à New-York, fils unique d’une mère célibataire, il récolte adolescent un franc succès pour ses sermons au sein de la communauté de son beau-père, ce qui ne fut pas sans créer des conflits entre celui-ci et James. À 24 ans, il émigre en France, pour échapper, selon ses propres dires, au racisme ambiant new-yorkais. Il apporte son soutien aux révoltes citoyennes et s’engage activement contre le racisme. Tout au long de sa vie, il a entretenu des amitiés avec de nombreuses personnalités et artistes de la lutte anti-racisme, notamment Malcolm X et Martin Luther King.
Sur le plan littéraire, cinq romans ont suivi le premier. James Baldwin est en outre l’auteur de nombreux essais ainsi que de quelques poèmes et pièces de théâtre. Sa langue est à la fois passionnée, profonde et d’une précision incisive. Il a reçu de nombreuses récompenses.
À Loèche-les-Bains, il sera présenté par Rolf Hermann à travers une lecture multi-média peu conventionnelle, retraçant la visite de l’écrivain de couleur à Loèche-les-Bains dans les années cinquante.
James Baldwin. Fremder im Dorf. Traduit de l’américain par Pociao. Bilgerverlag, edition sacré 2011.
Rolf Hermann et Michael Stauffer. Wie ein Schaf in der Wüste. Als James Baldwin die Schweiz besuchte. Hörspiel. SWR 2011. (Une publication est en préparation pour 2012 par l’éditeur romm-Verlag à Visp in Planung)
En français:
La chambre de Giovanni. Roman. Trad. de l'anglais (États-Unis) par Élisabeth Guinsbourg. Paris, Rivages, 1997
Chronique d'un pays natal. Essais. Trad. de l'anglais par J.A. Tournaire. Paris, Gallimard, 1988
Brigitte Glutz-Ruedin. Sept écrivains célèbres en Valais: sur les pas de J.R.R. Tolkien, Katherine Mansfield, Marguerite Yourcenar, James Baldwin, Daphné du Maurier, Jean Giono, Georges Simenon. Sierre, Ed. Monographic, 2008
Rolf Hermann
Rolf Hermann est né en Valais; il vit et travaille aujourd’hui à Bienne. En dehors de la poésie, il écrit aussi des textes en proses, des pièces radiophoniques et de théâtre ou encore des textes destinés aux lectures-performances qu’il réalise avec le trio qu’il forme avec Matto Kämpf et Achim Parterre. Ces «Gebirgspoeten», (poètes des montagnes), confrontent à travers des textes en dialectes valaisan et bernois les mythes et les clichés de la Suisse agricole.
Le deuxième recueil de poésie de Rolf Hermann est paru au début de l’année. Ce qui dans ses poèmes commence sur la plage avec une canette de bière peut tout à fait déboucher sur une pertinente réflexion sur l’écriture. La langue de Hermann est à la fois très concrète et très personnelle. Le poète laisse jaillir des images originales et surprenantes des situations les plus quotidiennes. Il établit avec une légèreté enjouée des relations entre des situations en apparence contradictoires et s’abandonne aux vibrations des mots, laissant aux perceptions le soin de débattre de la pertinence. Le résultat se compose de poèmes mouvants, oscillants entre l’ironie et la mélancolie, entre le banal et le beau, le bizarre et l’élégiaque. Des poèmes qui allient le quotidien au merveilleux, le passé au présent et l’anodin à l’important, pour mettre en place une cosmologie au-delà de tout système de référence.
Ces poèmes sont accompagnés et illustrés de collages que Rolf Hermann a réalisés en superposant des chef-d’œuvres d’histoire de l’art avec des banales photographies, des tirages digitaux avec des peintures à l’huile. Les références des images signalent des œuvres importantes mais absentes des galeries et des marchés de l’art traditionnels. À Loèche-les-Bains, ces images seront projetées au cours de la lecture. Durant le Festival, Rolf Hermann rendra en outre un hommage spécial au poète américain James Baldwin et présentera le séjour que celui-ci fit à Loèche-les-bains dans les années soixante-dix.
Kurze Chronik einer Bruchlandung. Poèmes. 2011. Verlag X-Time
Hommage an das Rückenschwimmen in der Nähe von Chicago und anderswo. Poèmes. 2007. Verlag X-Time
CDs
Die Gebirgspoeten: Letztbesteigung. Avec Matto Kämpf et Achim Parterre. Der gesunde Menschenversand 2010
Kein Zucker im Kaffee. Hommage an Grossmutter. En collaboration avec Michael Stauffer. Visp: romm 2010
Sabrina Janesch
Dans son premier roman, «Katzenberge» (Monts des chats) Sabrina Janesch, née en 1985, se confronte au travail de mémoire et le met à l’épreuve de la langue. L’ère du numérique, où pullulent les béquilles de mémoire, a considérablement transformé notre rapport au souvenir. Mais le véritable travail de mémoire restera toujours un défi. Sabrina Janesch le relève et en affronte les méandres et le brouillard.
Tout commence avec le décès d’un grand-père polonais. La jeune narratrice quitte alors Berlin pour se rendre en Silésie, la région où avait été forcé de fuir son grand-père, trimballant avec lui sa méfiance et sa peur. Au fil des chapitres, le lecteur s’enfonce avec la narratrice dans ces terres mystérieuses jusqu’en ancienne Galicie, au fin fond d’un monde disparu. L’étranger s’affirme peu à peu comme véritable thème du roman. Rapidement, les représentations romantiques de la jeune femme s’évaporent; elle qui s’attendait à une Pologne pittoresque, un peu magique, une Pologne de peinture à l’huile, est forcée de constater, déçue, que dans la réalité tout est mouillé, sale et étranger.
On ne peut qu’admirer la légèreté et l’habileté avec laquelle Sabrina Janesch met en place un concept poétique pour le moins complexe. La démarche est hardie et d’autant plus louable qu’il s’agit d’un premier roman. Sans cesse, le récit bascule tantôt dans le présent, tantôt dans le passé, entraînant le lecteur loin dans l’histoire de l’Europe. Le monde ainsi créé transmet une image sensible de l’étranger.
Katzenberge. Roman. Aufbau Verlag Berlin 2010
István Kemény
István Kemény a grandi à Budapest entre la révolution de 1956, sévèrement réprimée par le régime, et la chute du rideau de fer. Forts de ce contexte où les frontières ne s’ouvraient qu’à la force de l’imagination, ses premiers poèmes font déjà preuve d’une incomparable liberté de penser. Dès les premières parutions en effet, le poète a trouvé sa place parmi les voix les plus importantes de la Hongrie contemporaine. Il est l’auteur de huit recueils de poèmes, d'un roman expérimental, d'un essai, de courts récits du quotidien et d'une pièce de théâtre signée avec Atilla Bartis.
Pendant des années, son appartement fut le lieu de rendez-vous d’une jeune génération d’écrivains et d’écrivaines, ce qui lui permit de contribuer considérablement à la diffusion de la littérature contemporaine hongroise à l’étranger. István Kemény est un grand défenseur de l’esprit européen; non seulement face à la dictature communiste, mais aussi face au dictat non moins destructeur de l’idéologie du libre marché. Son œuvre ouvre un nouveau champ de tension entre l’humour et la mélancolie. István Kemény sait autant tirer profit des possibilités d’un surréalisme étrange que d’une langue vivante et familière. Il puise avec allégresse dans le réservoir des mythes et de l’Histoire; tour à tour conteur, prophète ou gardien du souvenir. Des ruines, il fait ressurgir des genres oubliés en poésie, comme l’épopée et la satire. Pour l’intime comme pour le politique, Kemeny sait trouver le mot juste et faire surgir des images donnant à voir les rapports complexes du monde sans réduction simpliste. Alliance originale d'émotion et d'ironie, ces poèmes vivifient nos représentations et nous apprennent à les voir avec distance. Il évoque comme en passant des visions fortes et un avis décidé, des révélations personnelles dont l’humour ne trompe pas sur la profondeur des gouffres qu’il dissimule.
István Kemény – Franz Josef Czernin. Dichterpaare. Lyrikband zweisprachig mit CD-Beilage. Kortina Verlag 2009
Nützliche Ruinen. Gedichte zweisprachig. gutleut Verlag 2007
Deux fois deux. Traduction de Guillaume Métayer, Paris, Caractères, coll. "Planètes", 2008
A. L. Kennedy
Alison Louise Kennedy, née en 1965 à Dundee en Ecosse, fait partie aujourd’hui des auteures les plus en vue de Grande-Bretagne. Sa collection de Short-Story et ses romans ont déjà remporté beaucoup de prix, tel que le Somerset Maugham Award. Artiste aux multiples facettes, l’auteure se fait tour à tour réalisatrice, comédienne et dramaturge. Son recueil de nouvelles «Was wird» rassemble douze nouvelles qui toutes, selon un schéma classique, sont construites un apogée, et traitent de thèmes quotidiens. Tous les personnages de ces nouvelles, hommes et femmes, en couple ou célibataires, ont des vies ébréchées, des cœurs brisés, et sont à la recherche d’un nouveau chemin à emprunter. Tout le talent de Kennedy réside dans sa faculté à décrire les émotions de ses personnages sans pathos et sans faux semblants mais en leur conférant une véritable profondeur. «Was wird» est un livre sur la confusion des sentiments à notre époque.
Dans un interview avec l’hebdomadaire «Die Zeit», Kennedy expliquait, pertinente et sociocritique comme toujours, pourquoi il lui paraissait important d’écrire à propos du malheur: «Les êtres humains n’ont pas d’espaces culturels pour exprimer le sentiment de l’échec. L’idéologie hollywoodienne selon laquelle la bonté serait toujours récompensée, tandis que le mal trouverait tôt ou tard son châtiment, cette idéologie transmet aux gens un sentiment d’échec. S’ils peuvent trouver dans les textes d’autres personnes qui ressentent la même chose qu’eux, ils se sentent moins seuls.»
Tauromachie. Trad. de l’anglais par Paule Guivarch, Ed. de l’Olivier, 2010
Volupté singulière. Trad. de l’anglais par Paule Guivarch, Points (poche), 2009
Was wird. Nouvelles. Aus dem Englischen von Ingo Herzke. Wagenbach 2009
Day. Roman. Aus dem Englischen von Ingo Herzke.
Paradies. Roman. Aus dem Englischen von Ingo Herzke. Wagenbach 2005
A. L. Kennedy musste ihre Reise nach Leukerbad leider kurzfristig absagen.
Gilles Leroy
Gilles Leroy est né en 1958 près de Paris, où il a étudié à la Faculté des Lettres les littératures américaine et japonaise. Ses romans sont publiés depuis 1990 chez Mercure de France. En 2007, il recevait le Prix Goncourt pour son douzième roman «Alabama Song».
Dans ce livre, Gilles Leroy retrace la vie de Zelda Fitzgerald, la femme de F. Scott Fitzgerald, se mettant dans la peau de cette femme passionnée, il livrait son «meilleur roman américain». L’Amérique, on la retrouve dans son dernier roman «Zola Jackson», nouvellement traduit en allemand, à travers la tragédie de l’ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans.
Zola Jackson, institutrice à la retraite, boit plus que de raison depuis qu’elle a perdu son mari et son fils dans un accident. Assise au premier étage de sa maison, elle observe les ravages engendrés tout autour d’elle par l’ouragan. Elle habite dans l’un des quartiers les plus bas de la Nouvelle-Orléans et l’eau ne cesse de monter, mais Zola Jackson ne peut pas quitter sa maison sans sa chienne, Lady. À mesure que l’eau monte le lecteur plonge plus profondément dans l’intimité de la femme, et, de monologue intérieur en souvenir, comprend peu à peu pourquoi elle s’obstine à refuser de grimper dans un des canots de sauvetage.
Tout se joue dans l’espace réduit de la maison qui devient ainsi la scène d’une tragédie mondiale, mettant brutalement en lumière l’absurdité de la catastrophe qui a frappé la ville en 2005. Car tandis que Zola débouche une nouvelle bouteille de bière, les cadavres défilent sous ses fenêtres, emportés par le courant, et plutôt que les équipes de sauvetage tant attendues, ce sont les médias internationaux qui s’emparent de la ville dévastée.
Zola Jackson. Roman. Mercure de France, 2010
Alabama Song. Roman. Mercure de France, 2007
Zola Jackson. Roman. Traduit du français par
Alabama Song. Roman. Traduit du français par
Gilles Leroy musste seine Reise nach Leukerbad leider kurzfristig absagen.
Nina Maria Marewski
Nina Maria Marewski est née en 1966 à Francfort-sur-le-Main. Elle a 16 ans lorsque, à la naissance de son premier enfant, elle quitte l’école et commence à travailler par-ci par-là pour gagner sa vie. Elle travaillera ensuite durant 20 ans dans le domaine du conseil en gestion et en création d’entreprise. Aujourd’hui Nina Maria Marewski vit dans les environs de Zurich et consacre la majeure partie de son temps à l’écriture. À Loèche-les-Bains, elle présentera son premier roman «Die Moldau im Schrank».
Chaque vie comprend son lot de décisions importantes, de celles qui déterminent la suite du parcours en ouvrant des voies et en fermant des portes. Tout le monde imagine un jour ou l’autre quelle aurait été sa vie si une autre décision avait été prise à un moment ou à un autre. La principale protagoniste du roman, Helena Murnau, reçoit justement la réponse inespérée à cette question lorsqu’elle découvre un passage vers l’une de ces autres vies possibles. Mariée à son grand amour Christian, mère de deux enfants d’un côté, elle fait connaissance de l’autre côté avec une toute autre Helena, séparée de Christian et devenue peintre, une Helena bohème, libre et sans attache.
En parallèle à l’histoire d’Helena, l’auteure raconte l’histoire de Mitja Kruschenko qui a assisté tout jeune garçon à la mort de sa mère, sans tenter de la sauver. Plus tard, elle lui apparaîtra en rêve, assise au bord de son lit: Je suis fière de toi lui dit-elle, avant de lui attribuer la tâche d’envoyer d’autres anges dans le ciel, pour mettre le diable au chômage.
Nina Maria Marewski mêle avec virtuosité dans ce premier roman des éléments de thriller et des emprunts au genre fantasy. Elle parvient à rester très proche de ses personnages, quoi qu’ils fassent; qu’ils aiment, souffrent ou tuent.
Die Moldau im Schrank. Roman. Bilgerverlag 2011
Olga Martynova
Olga Borissowna Martynova est née en 1962 en Sibérie et a grandi dans la ville de Leningrad. Après des études de langue et de littérature russe, elle rejoint l’Allemagne en 1991. Elle vit aujourd’hui avec son mari Oleg Jurjew à Francfort-sur-le-Main. Olga Martynova écrit des poèmes, des essais et de la prose en russe et en allemand, et travaille en outre comme traductrice et critique littéraire. Son travail a été plusieurs fois récompensé.
En tant que poétesse, Olga Martynova a acquis très rapidement une autorité et su développer une voix très personnelle. Elle écrit ses poèmes en russe avant de les traduire en allemand – parfois en collaboration avec d’autres poètes. Un dialogue s’établit ainsi entre les langues.
L’année passée est paru son premier roman, écrit en allemand: «Sogar Papageien überleben uns» (Même les perroquets nous survivront). Elle y raconte l’histoire de Marina qui, lors d’un congrès en Allemagne, rencontre l’homme avec qui elle était liée vingt auparavant, dans une ville qui s’appellait alors encore Leningrad. Et tout d’un coup le passé ressurgit pour se faire terriblement actuel. Olga Martynova compose son roman de citations, de bribes de poèmes, de dialogues et d’aphorismes. «En d’autres termes, ce livre est un blog entre deux couvertures: chaque passage mène à l’autre par un clic mental.», décrivait avec pertinence une critique de l’hebdomadaire allemand «Die Zeit». Comme dans un recueil de poème, le lecteur peut commencer ce roman aléatoirement, par le milieu ou par la fin, et se laisser emporter dans le vaste champ des associations.
Au Festival, Olga Martynova lira des extraits de son nouveau roman, ainsi que des poèmes.
Sogar Papageien überleben uns. Roman. Droschl 2010
In der Zugluft Europas. Poèmes. Verlag Das Wunderhorn 2009 (Traduit du russe en allemand par Elke Erb et Olga Martynova, Gregor Laschen, Ernest Wichner, Sabine Küchler
Rom liegt irgendwo in Russland. Poèmes. En collaboration avec
Francesco Micieli
Francesco Micieli est l’auteur de récits, de pièces de théâtre et de libretti. Ses récits racontent, dans une prose concise et poétique, l’histoire de la migration d’une minorité albanaise d’Italie et des marginaux de notre société. Alternant entre lyrisme, récit et monologue, Micieli privilégie les phrases courtes et précises, qui confèrent à ses textes une rare intensité. Sa langue se révèle par endroit d’une telle clarté poétique que s’ouvre entre les lignes un espace pour l’innommable.
L’écriture de Francesco Micieli est l’expression d’une attitude sceptique vis-à-vis de la langue et de ses structures et en particulier de sa capacité à référer directement au monde. Le père du narrateur, qui vit en Suisse depuis plus de quarante ans et rêve depuis plus de quarante ans de retourner vivre avec sa famille en Italie, parle un mauvais allemand empreint d’un mauvais italien. «Sa langue n’est pas un véritable outil, sa langue n’est pas une arme. C’est un minimum existentiel... La langue de mon père était le travail.»
Francesco Micieli est né en Calabre et, en tant que ressortissant de la minorité albanaise d’Italie, il a grandi entre plusieurs langues et cultures. Il avait neuf ans lorsque ses parents, qui travaillaient et habitaient en Suisse depuis déjà longtemps, vinrent le chercher chez son grand-père, sous les bons soins duquel il était placé. C’est l’histoire que raconte Micieli dans ses premiers livres «Trilogie d’une immigration», dans une forme courte et poétique. Les trois petits volumes viennent d’être traduits en français et l’auteur les présenteront et le traducteur ensemble cette année au Festival.
Journal d’un enfant. Trad. de l’allemand par Christian Viredaz. Editions d’en bas, 2011
Liebe im Klimawandel. Nouvelles. Zytglogge Verlag 2010
Fantasmi. Auf-Zeichnungen & Postkarten an & für Urs Dickerhof. edition clandestin 2008
Mein Vater geht jeden Tag vier Mal die Treppen hinauf und hinunter. Textes sur la langue et la patrie. Verlag die brotsuppe 2007
Valzhyna Mort
Valzhyna Mort est née en 1981 à Minsk, en Biélorussie. Elle vit depuis 2005 à Washington. Après des études d’anglais, elle enseigne depuis 2009 la poésie à l’University of Maryland et traduit de la littérature anglaise et polonaise.
Enfant, Valzhyna Mort a appris le russe, comme il était d’usage dans les pays de l’Union Soviétique. Ce n’est qu’avec la Perestroika que le biélorusse est redevenu la langue nationale et d’écriture. Valzhyna était alors une adolescente, rêvait de devenir cantatrice. C’est peut-être pour cette raison qu’elle se révèlera particulièrement sensible à la douceur et la mélodie de cette langue, à laquelle elle consacrera plus tard deux poèmes, parus en allemand dans le recueil «Tränenfabrik». La postface de ce recueil, «Une langue à la poursuite de la musique», signée par l’auteure, témoigne elle aussi de cet amour.
Dans ses poèmes intitulés «Hommes» (Männer), «alcool» (Alkohol), «couple» (Ehe) ou encore «Grand-maman» (Grossmama) apparaissent aussi des thèmes humains et banals. Ils sont complétés par des petites proses dans lesquelles la langue de la nouvelle patrie en terre anglophone trouve elle aussi sa place. Le style de la poétesse est sûr et va droit au coeur. Une subtile ironie la préserve du sentimentalisme, comme dans le poème «Von Floridas Stränden»: «von den lippen leckst du den salzigen honig / die luft bleibt kleben an deiner feuchten haut / und zappelt dort wie eine fliege im netz. / im wasser – die kinder – nachfahren der affen / pinkeln frech auf Gottes Spiegel.» (sur les lèvres tu lèches le miel salé / l’air reste collant sur ta peau humide / et gigote là-bas comme une mouche dans le filet. / dans l’eau – les enfants – descendants des singes / pissent avec insolence sur le miroir de dieu.)
Ce qui est remarquable dans le recueil «Tränenfabrik», notait une critique de la FAZ avec justesse, c’est «le changement souvent abrupte entre une hypnotisante tendresse et un état de constante alerte». Avec appétit, Valzhyna Mort s’empare de la réalité; elle étale les fragments d’une langue de l’amour avec un grand sens pour les ambivalences du désir sexuel.
Tränenfabrik. Poèmes. Traduit du biélorusse en allemand par Katharina Narbutovic. Suhrkamp 2009
Melinda Nadj Abonji
Melinda Nadj Abonji est née en Voïvodine, cette province de Serbie où une partie de la population parle le hongrois. Elle a quatre ans lorsque ses parents émigrent en Suisse allemande. Dans son deuxième roman, «Tauben fliegen auf» (S’envolent les pigeons), doublement lauréat en 2010, elle raconte l’histoire d’une famille au parcours semblable au sien. En apparence la famille Kocsis est parfaitement intégrée; pourtant l’écart entre la réussite extérieure et le ressenti intime grandit avec la deuxième génération. À commencer chez la narratrice qui s’observe prendre peu à peu ses distances vis-à-vis de ses parents et de sa famille proche. Elle se rebelle contre l’obligation d’être «toujours sage, toujours gentille» avec laquelle sa mère et sa soeur lui rabâchent les oreilles, répétant comme un refrain: «Nous n’avons pas encore de destin humain ici, c’est à nous de nous le bâtir».
En Suisse comme ailleurs en Occident, l’immigration est un des plus grands thèmes sociaux de cette nouvelle décennie. Pas tant pour les débats populistes sur des sujets tels que l’interdiction des minarets, mais bien parce que ces nouveaux citoyens transforment le pays qui peine, lui, à intégrer ces changements. Car l’intégration ne saurait être unilatérale. Les appréhensions et les peurs du pays d’accueil doivent être désamorcées, ce qui nécessite un minimum de compréhension vis-à-vis du traumatisme que représente pour l’immigrant ce changement de patrie.
Avec beaucoup de finesse, Melinda Nadj Abonji brasse les genres, faisant suivre à d’intimes tableaux, des passages critiques et acerbes, et démontre avec force que les immigrants et les immigrantes participent eux aussi, et de loin, à la définition des nouveaux thèmes, des nouvelles consonances et des nouveaux décors de la littérature de langue allemande.
Tauben fliegen auf. Roman. Jung & Jung Verlag 2010
Im Schaufenster im Frühling. Roman. Amman Verlag 2004.
Samuel Pepys
Samuel Pepys [pi:ps] ne fera pas le voyage à Loèche-les-Bains, car Samuel Pepys a vécu de 1633 à 1703 en Angleterre. Il n’est pas non plus une nouvelle découverte à proprement parler, puisque Sir Walter Scott et Samuel Taylor Coleridge admiraient déjà ses journaux intimes. Ceux-ci cependant, «Die Tagebücher 1660–1669», n’existent dans leur intégralité que depuis août 2010 en allemand. Ces journaux livrent un passionnant témoignage des événements ayant marqué l’une des époques les plus excitantes de l’histoire anglaise. Fils de tailleur londonien, Pepys relie d’une manière personnelle et originale la grande Histoire mondiale à son petit destin individuel – non moins riche de péripéties en tout genre. Il raconte sa carrière dans la flotte britannique, les heurs et malheurs de l’ascension sociale, il évoque sa passion pour le théâtre et la musique, pour les nouvelles sciences, pour les beaux livres, la bonne chaire, sans oublier les femmes, bien sûr. Ce n’est que cent ans après la mort de Pepys que ces carnets furent retrouvés, transcrits (Pepys utilisait une espèce d’écriture codée, toute d’abréviations) et que des extraits furent publiés. Après de nombreuses rééditions augmentées, une première œuvre complète parut à la fin du 19ème siècle, amputée cependant, selon l’esprit du temps, de tous les passages érotiques.
En lieu et place de Samuel Pepys ce sont donc l’éditeur Gerd Haffmans et Monika Schärer, médiatrice littéraire et culturelle, qui feront le voyage jusqu’à Loèche-les Bains, pour faire retentir les textes de ce formidable auteur.
Journal. Trad. de l’anglais par André Dommergues, 2 vol. Bouquins (coll), Robert Laffont, 1994.
Sämtliche Tagebücher 1660–1669. Trad. de l’anglais en allemand par Georg Deggerich, Michael Haupt, Arnd Kösling, Hans-Christian Oeser, Martin Richter et Marcus Weigelt. Haffmans Verlag bei Zweitausendeins 2010
Jürgen Ritte / Oulipo
Jürgen Ritte est un traducteur, éditeur, essayiste et journaliste littéraire allemand, né en 1956 à Cologne. Il vit aujourd’hui à Paris. Maître de conférence à l'Université de Paris III, il est également membre du comité d'administration des Assises de la traduction littéraire en Arles ( ATLAS), du conseil scientifique de la Marcel Proust Gesellschaft et du comité éditorial de la revue Flandziu, revue biannuelle sur la littérature de la modernité. Il dirige en outre depuis dix ans les études franco-allemandes à la Sorbonne Nouvelle. Proche de l'Oulipo, il a traduit et édité de nombreux oulipiens en allemand,
C’est ceux-ci que Jürgen Ritte présentera lors du Festival de Loèche-les-Bains. L’OULIPO est un cercle d’auteur-e-s composé essentiellement d’auteurs français, italiens (Italo Calvino), américains (Harry Mathews) et saxon de Transylvanie (Oskar Pastior). L’acronyme Oulipo signifie Ouvroir de Littérature Potentielle. L’adjectif correspondant est «oulipien». Fondé en 1960 par François Le Lionnais et Raymond Queneau, l’Oulipo recrute ses membres avant tout dans le «Collège de Pataphysique», et fait aussi ses premiers pas sur la scène artistique du côté du surréalisme. Le but de l’Oulipo est d’élargir la langue grâce à des contraintes formelles. Le livre de Georges Perec, «La Disparition» offre une réalisation exemplaire de ce programme: dans tout le livre n’apparaît pas une seule fois la lettre «e».
Endspiele. Geschichte und Erinnerung. Matthes&Seitz 2009
Bis auf die Knochen. Das Kochbuch, das jeder braucht. Herausgegeben von Jürgen Ritte. Arche Verlag 2009
Oksana Sabuschko
Il faut bien le dire, la majeure partie des livres qui de nos jours figurent sur les listes de meilleures ventes ne se distinguent pas vraiment par leur qualité littéraire. En Ukraine cependant, ce grand pays d’Europe de l’Est sur lequel pèse encore lourdement l’héritage soviétique, un livre occupe depuis sa parution le numéro un de tous les charts; une exception qui a de quoi remettre cette triste règle en question.
Le nouveau roman d’Oksana Sabuschko «Museum der vergessenen Geheimnisse» (Musées des secrets oubliés) atteste non seulement d’une langue incroyablement riche et précise, il est aussi politiquement engagé! En Ukraine, l’auteure passe pour être l’une des voix féminines les plus importantes de la littérature contemporaine. Ce qui lui vaut tour à tour les surnoms «d’enfant terrible» ou de «deuxième Dostoïevski». De toute évidence, Oskana Sabuschko a su toucher une corde sensible chez ses compatriotes, habitants d’un pays traumatisé et empêtré dans un tissu de mensonges.
Qu’adviendra-t-il de nos souvenirs, conscients ou inconscients, lorsque nous disparaîtrons? Où s’enfouira l’infini trésor des perceptions humaines – va-t-il se volatiliser, comme ça, dans le néant? À travers les histoires de trois femmes, Oksana Sabuschko aborde la question de la mémoire et de la pérennisation de nos souvenirs en mettant tranquillement le doigt sur les pires travers de la société. Le récit, comme son titre l’indique, traite principalement du secret et de la manière qu’ont les personnages de le gérer, de l’exposer ou de le refouler, de transmettre des tabous et des non-dits de génération en génération. Mais en parallèle, le lecteur est embarqué dans une touchante histoire d’amour, qui ne saurait laisser personne indifférent.
Chaque nouvelle traduction d’un livre de Oksana Sabuschko est un tremblement de terre littéraire, une secousse venue d’Europe centrale, chargé de musique et d’humanité.
Museum der vergessenen Geheimnisse. Roman. Traduit de l’ukrainien par Alexander Kratochvil.
Feldstudien über ukrainischen Sex. Roman. Traduit de l’ukrainien par Daja. Droschl Verlag 2006
Michail Schischkin
Michail Schischkin est né en 1961 à Moscou. Après des études en philologie allemande et anglaise, il est engagé comme journaliste dans une revue pour la jeunesse et enseigne en parallèle l’allemand et l’anglais. Depuis 1995, Michail Schischkin vit à Zurich où il enseigne le russe et travaille comme interprète pour le service des migrations de la ville.
Le protagoniste de «Venushaar» traduit pour le service des migrations de Zurich les demandes des requérants d’asile. En partant de la réalité souvent bouleversante de ces rapports, il entame une errance dans l’espace et le temps et à travers l’histoire de la littérature et de la culture européenne. Cette même Europe qui souvent lance un regard envieux sur la Suisse, considérée comme un paradis. Le récit parcours le panorama de l’histoire russe en même temps qu’il restitue une image très actuelle de la situation européenne.
Cette année, Michail Schischkin est, au côté de Marie NDiaye, lauréat du Prix Spycher 2011.
Le jury motive ce choix de la manière suivante: «Michail Schischkin crée avec le protagoniste de son roman «Venushaar» une image bouleversante de notre époque contemporaine, qui rappelle en même temps l’Antiquité par sa verve hautement littéraire. Irrésistiblement le narrateur entraîne lecteur dans un tourbillon de destins et d’histoires à couper le souffle.»
Michail Schischkin est le seul auteur à avoir jamais gagné les trois plus grands prix de la littérature russe. Ses livres sont traduits en 14 langues. Malheureusement «Venushaar» est le seul de ses romans à avoir été traduit en allemand jusque-là et aucun de ses romans n’a encore été traduit en français.
Venushaar. Roman. Traduit en allemand par Andreas Tretner. DVA 2011
Die russische Schweiz. Ein literarischhistorischer Reiseführer. Traduit du russe en allemand par Franziska Stöcklin. Limmatverlag 2003 (épuisé)
Montreux — Missolunghi — Astapowo. Auf den Spuren von Byron und Tolstoj: Eine literarische Wanderung vom Genfersee ins Berner Oberland. Traduit du russe en allemand par Franziska Stöcklin. Limmatverlag 2002
Clemens J. Setz
Il n’y a pas un superlatif qui n’ait pas déjà été écrit en lien avec Clemens J. Setz dans l’arène littéraire. Après deux romans («Söhne und Planeten» (Des fils et des planètes) et «Die Frequenzen» (Les fréquences)), c’est un recueil de nouvelles qui paraît cette année. Dix-huit histoires façonnées d’idées grotesques et d’horreur subtile, pleines de violence et de gestes tendres. Des nouvelles aux abords banals qui dévoilent progressivement sous leur oripeau de quotidienneté une brutalité et une cruauté effrayantes.
Le jeune auteur ne fascine pas seulement par sa large palette de thèmes ou la violence de ses sujets, mais aussi et peut-être surtout, par la fantaisie de son expression langagière. Pourtant même des idées les plus farfelues – dont ce recueil regorge en vérité – émane une normalité tranquille. Et les scènes de sexe ou d’excès les plus violentes – mordantes, directes, surprenantes, comme aucun auteur ne les a décrites depuis longtemps – paraissent extraordinaires et étonnamment possibles en même temps.
Clemens J. Setz esquisse avec légèreté les images les plus incroyables, sans que cela paraisse le moins du monde forcé, construit. Après deux romans acclamés par la critique et plusieurs fois primés, l’auteur se révèle avec cette nouvelle parution aussi doué pour la petite forme que pour la grande. On trouve sans aucun doute chez ce jeune Autrichien, le «truc en plus» qui produit le grand art, l’insaisissable magie qui transporte au-delà du réel.
Die Liebe zur Zeit des Mahlstädter Kindes. Nouvelles. Suhrkamp 2011
Die Frequenzen. Roman. Residenz 2009
Söhne und Planeten. Roman. Residenz 2007
Sjón
Sjón, Sigurjón Birgir Sigurðsson de son vrai nom, est né en 1962 à Reykjavík en Islande. Connu avant tout pour les textes de chanson qu’il a composé pour Björk, en particulier celles du film de Lars von Trier «Dancer in the Dark», il a aussi su se construire une certaine renommée en tant que musicien. Après des séjours aux Pays bas et à Londres, Sjòn vit aujourd’hui à Reykjavík.
Influencé par les textes des chansons de David Bowie et de l’Isländersaga, le jeune homme trouve très tôt le chemin de la poésie: à 15 ans il publiait déjà son premier recueil de poèmes.
Quelques recueils plus tard, paraît son premier roman, «Schattenfuchs», en 1987. Lors de la parution de la version allemande, il y a quelques années, la NZZ écrivait que l’auteur «maîtrisait avec brio l’art d’animer ses personnages en quelques mots, et de charger la nature d’une intensité hypnotique» Cela vaut sans aucun doute aussi pour son deuxième roman, tout juste traduit en allemand sous le titre «Das Gleissen der Nacht». L’intrigue se déroule en Islande autour de l’année 1636, avec Jonas, l’apprenti, qui cherche sans cesse à acquérir de nouvelles connaissances, de nouveaux monstres à vaincre, et à vivre de nouvelles aventures. Pourtant sa connaissance, loin de lui profiter, le marginalise : il est de plus en plus attaqué. Dans ce livre, Sjón suit parfois une ligne narrative stricte pour se laisser emporter plus loin dans une prose lyrique, au bénéfice d’un mélange intéressant du point de vue linguistique. À propos de sa manière d’écrire, il a lui-même déclaré: «Je pourrais évidemment me contenter d’écrire seulement un libretto ou une chanson ou un roman historique. Mais la plupart du temps, je préfère réunir toutes ces choses-là. Je suis comme un cambrioleur qui se glisse la nuit dans les villas, et volent les plus beaux bijoux et objets, pour les descendre ensuite à la cave, dans ma cachette.» À Loéche-les-Bains, Sjòn lira des extraits de son nouveau roman ainsi que des poèmes.
Das Gleissen der Nacht. Roman. Traduit de l’islandais par Betty Wahl. S. Fischer Verlag 2011
Schattenfuchs. Roman. Traduit de l’islandais par Betty Wahl. S. Fischer Verlag 2007
gesang des steinesammlers. Poèmes allemand-islandais. Traduit de l’islandais par Tina Flecken. Buchkunst Kleinheinrich 2007
Peter Stamm
Peter Stamm est l’un des auteurs les plus connus de la littérature contemporaine suisse. Après un apprentissage d’employé de commerce, il entame des études de philologie anglaise et de psychologie, qu’il interrompt néanmoins après quelques semestres à peine. Au début des années ‘90, il travaille comme journaliste et commence à écrire des pièces de théâtre et des pièces radiophoniques pour différentes radios. Dès son premier roman «Agnes», paru en 1998, le succès est au rendez-vous et Peter Stamm s’impose rapidement sur la scène littéraire suisse et au-delà. Son dernier-né est un recueil de nouvelles «Seerücken», dont les dix histoires racontent les défaites au quotidien, les petits échecs et les rêves abandonnés. Les descriptions de Peter Stamm, observateur attentif, sont sobres et précises et c’est elles qui permettent à Peter Stamm de porter ses personnages au plus près du lecteur, qui s’identifie ou se remémore tel ou tel événement de son histoire personnelle. «Seerücken» est un succès critique, loué par la presse. Pia Reinacher écrivait ainsi dans la Weltwoche «Avec ces neuf nouvelles, originales, délicieuses et brillantes, Peter Stamm démontre une fois encore qu’il possède un formidable alent d’écrivain. (...) Les nouvelles de Peter Stamm sont de furieuses variations sur le vieux thème de la recherche de soi – Peter Stamm confirme ainsi sa place parmi les auteurs suisses les plus doués de sa génération.»
Sept ans. Trad. de l’allemand par Nicole Roethel, Christian Bourgois Editeur. 2010 (disponible également en ebook, Bourgois numérique)
Seerücken. Nouvelles. S. Fischer Verlag 2011
Sieben Jahre. Roman. S. Fischer Verlag 2009
Heidi. Avec des images de Hannes Binder. D’après Johanna Spyri.
Wir fliegen. Nouvelles. S. Fischer Verlag 2008
Christian Uetz
Le premier roman de l’auteur Christian Uetz paraît enfin, sept ans après le fulminant recueil de poèmes «Das Sternbild versingt» (2004). Poète philosophe, Christian Uetz, dont les lectures-performances publiques sont depuis longtemps devenues légendaires dans l’espace germanophone, raconte dans «Nur Du, und nur Ich» l’histoire d’amour de deux personnes qui ne peuvent plus se quitter. Pour approcher son autre féminin, le personnage-narrateur plonge en amoureux solitaire dans les bas-fonds du langage. Pas à pas, il exécute une parade amoureuse qui le conduira hors du monde. L’auteur dévoile dans ce roman foudroyant un regard que l’amour fou ne rend pas aveugle. Il décrit avec précision les tentatives d’approche de ce qu’on appelle le grand amour, pour finalement abandonner le couple dans l’abîme d’une nuit de volupté.
Cette parade amoureuse se veut roman, un roman qui recommence de plus belle avec chaque nouvelle phrase. Chaque mot est empli de la créativité langagière propre à l’auteur. C’est une ode à l’amour et un abandon sensuel à la langue. «Nur Du, und nur Ich» est un roman sur le besoin d’amour, mais aussi sur l’incapacité à laisser l’autre approcher, sur le désir, l’abandon et la destruction. Avec éloquence, ivre de son plaisir à se jouer de la langue, noyé dans son désir d’amour, Christian Uetz suit sa piste en sept étapes.
Depuis quatre ans, ce magnifique roman attend de trouver un éditeur. C’est au tout jeune Secession Verlag que revient le mérite d’avoir eu le courage d’éditer ce véritable feu d’artifice langagier.
Nur Du, und nur Ich: Roman in sieben Schritten. Secession Verlag 2011
Das Sternbild versingt. Poèmes. Suhrkamp Verlag 2004
Zoom Nicht. Textes. Droschl Verlag 1999
Martin Walker
Martin Walker est né en 1947 en Ecosse. Il étudie l’histoire, l’économie et les relations internationales dans les prestigieuses universités d’Oxford et d’Harvard. Il vit aujourd’hui entre Washington et le Périgord et travaille comme historien, journaliste et écrivain. Pendant 25 ans, il fut journaliste au journal britannique «The Guardian». Il est l’auteur de nombreux ouvrages théoriques, sur la période de la guerre froide notamment, sur Gorbatchev et la Perestroïka, ainsi que sur Bill Clinton et la nouvelle Amérique.
Son chef de police Bruno mène ses enquêtes dans les paysages contemplatifs des forêts du Périgord, parcourues de fleuves tranquilles. Les cas qu’il a à résoudre ne sont pas pour autant des cas de «péquenots»: il en a à découdre avec des organisations internationales, se trouve confronté à des agissements racistes et forcé de réfléchir sur le peu glorieux passé colonial de la France en Indochine. Il règle ces questions les unes après les autres avec nonchalance et en bon vivant, caractérisé par son inébranlable sens des bons repas et des bons vins. Les intrigues des romans policiers de Martin Walker sont non seulement passionnantes, elles ont aussi le charme apaisant et l’atmosphère détendue des petites villes du Sud de la France.
Les romans de la série policière Bruno sont publiés simultanément dans dix langues. Il n’existe malheureusement pas de traduction française à ce jour.
Schwarze Diamanten. Der dritte Fall für Bruno, Chef de police. Roman. Traduit de l’anglais par Michael Windgassen.
Grand cru. Der zweite Fall für Bruno, Chef de police. Roman. Traduit de l’anglais par Michael Windgassen. Diogenes 2010
Bruno, Chef de police. Roman. Traduit de l’anglais par
Anna Weidenholzer
Anna Weidenholzer, née en 1984 à Linz, a étudié la littérature comparée à Vienne et à Wroclaw, en Pologne. Elle vit et travaille aujourd’hui comme auteure, journaliste et rédactrice à Vienne. Son premier recueil de nouvelles: «Der Platz des Hundes» (La place du chien) a retenu à juste titre toute l’attention de la presse et du public. Les nouvelles, toutes plus ou moins liées les unes aux autres, entraînent le lecteur dans une autre dimension. La langue est riche et choisie, les descriptions denses et efficaces. Le ton est mélancolique mais jamais déprimant. Anna Weidenholzer écrit sur les gens «simples», de toutes les couches sociales; sur les possibilités et les limites de ceux qui souvent souffrent de la solitude et de l’incapacité à prendre des décisions concernant leur vie. Il n’y a aucun voyeurisme dans ces nouvelles; ce sont des atmosphères que l’auteure donne à percevoir, sans temporalité précise. Elle s’immisce par l’écriture dans les cagibis sombres, où germent des étroitesses d’esprit. La routine du quotidien retient les personnages de sa main de fer et les rêves restent des rêves. Tous vont des détours en croyant aller droit au but.
Der Platz des Hundes. Nouvelles. Mitter Verlag 2010
Ernest Wichner
Ernest Wichner est né en Roumanie et vit en Allemagne depuis 1975. Auteur, critique littéraire, Ernest Wichner est aussi traducteur du roumain en allemand, notamment de Mircea Cartarescu, Norman Manea, Stefan et Daniel Banulescu, Nora Iuga et dernièrement toute l’œuvre en prose de M. Blecher, réunie en trois volumes. Il a en outre édité de nombreux catalogues de projets littéraires de Roumanie. Directeur adjoint du Literaturhaus de Berlin, de 1988 à 2003, il en est le directeur depuis 2003.
Son amitié pour les écrivains Herta Müller et Oskar Pastior (décédé en 2006) l’a conduit à compulser plusieurs fois les dossiers de la Securitate roumaine pour tenter de tirer au clair les accusations concernant les soi-disant activités d’espion d’Oskar Pastior. Ernest Wichner oppose enfin une défense objective à ces accusations, visant également Herta Müller, indirectement.
Mais peu de gens connaissent en Ernest Wichner l’homme-poète, qui a enfin publié l’automne dernier un nouveau recueil de poèmes. Intitulé «ich bin ganz aufgesperrt» (Je suis tout ouvert), celui-ci rassemble des poèmes d’amour, adressé à une femme qui, pour ne pas être si lointaine, se trouve tout de même profondément désirée et désespérément inaccessible. Ce recueil traite de la passion, exposant un amour dont l’accomplissement se situe en dehors de tout champ du possible. Ernest Wichner parvient à mettre en forme cet amour avec à la fois une connaissance parfaite de la tradition occidentale, et une merveilleuse force d’expression.
ich bin ganz aufgesperrt. Poèmes. Wunderhorn Verlag 2010
Rückseiten der Gesten. Poèmes. Zu Klampen Verlag 2003