AUTEURS ET AUTEURES
Participent à la 22e édition du
Festival International de Littérature
de Loèche-les-Bains:
Bachtyar Ali, Irak/Kurdistan
Lukas Bärfuss, Suisse
Azouz Begag, France
Michael Fehr, Suisse
Christoph Geiser, Suisse
Heiner Goebbels*, Allemagne
Nora Gomringer, Suisse
Georgi Gospodinov, Bulgarie
Rolf Hermann, Suisse
Franz Hohler, Suisse
Anja Kampmann, Allemagne
Anna Kim, Autriche
Chris Kraus, Allemagne
Sibylle Lewitscharoff, Allemagne
Jonas Lüscher, Suisse
Nikola Madzirov, Macédoine
Urs Mannhart, Suisse
Monika Maron, Allemagne
Robert Menasse, Autriche
Lina Meruane, Chili
Quentin Mouron, Suisse
Sharon Dodua Otoo, Allemagne
Tim Parks, Grande-Bretagne
Marie-Jeanne Urech, Suisse
David van Reybrouck, Belgique
Anna Weidenholzer, Autriche
Levin Westermann, Suisse
John Wray, USA
Jeffrey Yang, USA
Liao Yiwu, Chine
Kathy Zarnegin, Suisse
Serhij Zhadan, Ukraine
* Nur am 28.6. im Literaturhaus Zürich
Bachtyar Ali
Il compte parmi les poètes et écrivains contemporains les plus connus du Kurdistan irakien. Né à Sulaimaniya (Irak du nord), il entre en conflit avec la dictature de Saddam Hussein en 1983 et interrompt ses études de géologie suite à des blessures lors de manifestations étudiantes. Après l’insurrection de 1991 et la relative autonomie qui s’ensuit, l’horizon des territoires kurdes s’écarte et des possibilités jusque-là inconnues s’offrent aux écrivains et intellectuels. Bachtyar Ali en profite pour densifier sa propre activité auctoriale et se consacrer à la revue de philosophie « Azadj » (liberté). Son œuvre comprend romans, poèmes et essais. Au Kurdistan, il s’est distingué par son attitude impartiale et sa critique ouverte des rapports socio-politiques au sein de son pays.
Durant plus d’une vingtaine d’années, la magie de ce conteur est restée inconnue en Allemagne. Grâce aux éditeurs d’Unionsverlag, sa fable allégorique de l’oppression avec en toile de fond la guerre entre frères irako-kurdes est désormais disponible en langue allemande. DER LETZTE GRANATAPFEL (La dernière grenade), roman tranchant d’actualité et saisissant de poésie, raconte l’histoire d’un peshmerga haut placé embarqué en compagnie d’autres migrants à destination de l’Europe. De secrets en rencontres hasardeuses, ce voyage le rapprochera toujours plus de son fils disparu et le mènera là où des milliers d’autres se sont rendus avant lui : au-delà de la Méditerranée, en Occident.
Bachtyar Ali vit depuis les années 90 en Allemagne.
DER LETZTE GRANATAPFEL. Roman. Traduit du kurde par Ute Cantera-Lang et Rawezh Salim. Unionsverlag 2016.
Lukas Bärfuss
Lukas Bärfuss, né à Thoune en 1971, est dramaturge, romancier et essayiste. Ses pièces sont jouées dans le monde entier et ses romans traduits dans une vingtaine de langues.
À chaque nouveau livre, Lukas Bärfuss s’aventure sur une terre inconnue. Dans HAGARD, son fascinant troisième roman, il raconte comment notre dépendance à la technologie, nous condamnant à avancer en terrain mouvant, a exacerbé notre vulnérabilité.
Le mot HAGARD n’est inscrit dans aucun dictionnaire courant de la langue allemande. Lukas Bärfuss nous apprend qu’il s’agit d’un terme spécifique du vocabulaire de chasse : est ainsi désigné un faucon sauvage capturé et dressé, mais qui ne sera jamais vraiment complètement domestiqué.
C’est bien de chasse, de poursuite et de créature indomptable que parle ce roman : le narrateur y traque une histoire qu’il ne saisira jamais dans sa totalité. Le personnage principal de ce récit, un homme aux pieds bien sur terre approchant la cinquantaine, décide subitement de tout quitter pour prendre en chasse une inconnue. Cette course-poursuite grisante fera basculer son train-train quotidien, destin dépeint comme à la fois funeste et positif : son épuisement, ses meurtrissures et sa faim lui permettent de porter un regard plus éveillé et plus aiguisé sur son environnement.
Lukas Bärfuss livre ainsi un portait de notre société dépendante de ses propres acquisitions techniques (comme le portable) qui laisse songeur. Sans ces appareils, les humains se retrouvent « coupés du monde, muets et sourds, à l’écart des autres et complètement démunis ».
HAGARD. Roman. Wallstein Verlag 2017
STIL UND MORAL. Essais. Wallstein Verlag 2015
KOALA. Roman. Wallstein Verlag 2014
Azouz Begag
Azouz Begag, écrivain, sociologue, économiste et politicien, est né à Lyon et vit à Paris. Ses parents sont originaires d’Algérie. Begag a grandi dans la banlieue de Lyon et a souvent été confronté au racisme et à la discrimination au cours de sa scolarité.
En plus de son travail scientifique, il fait en 1986 son entrée dans le paysage littéraire avec LE GONE DU CHAÂBA (titre traduit en allemand par AZOUZ, DER JUNGE VOM STADTRAND. EINE ALGERISCHE KINDHEIT IN LYON – Azouz, le garçon des banlieues. Une enfance algérienne à Lyon), roman de jeunesse teinté d’autobiographie. Il y dépeint de façon drôle et détaillée ses propres expériences comme enfant de travailleur étranger, aborde la question de l’identité double et réfléchit aux différences générationnelles entre immigrés. Le roman a été récompensé par de nombreux prix et a été adapté au cinéma en 1998. Depuis, Azouz Begag a produit plus d’une vingtaine de livres pour enfants ou adolescents, des romans ainsi que de nombreux essais portant sur des sujets politico-culturels, notamment sur des questions d’immigration et d’intégration.
Depuis 2004, Begag est membre du Conseil économique et social à l’ONU. De 2005 à 2007 il a de plus été ministre délégué à la promotion de l’égalité des chances sous l’office du ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin. Dans le cadre de sa fonction politique, il s’est engagé à tous les niveaux pour la diversité sociale et déclare ainsi : « J’ai composé mon cabinet à l’image de cette diversité ; il ressemble à la France d’aujourd’hui. »
LEÇONS COLONIALES. Delcourt 2012
BOUGER LA BANLIEUE : L'INTEGRATION EN QUESTION. Elytis 2012
LE GONE DU CHAABA. Editions du Seuil 2005
Michael Fehr
Michael Fehr a étudié à l’Institut Littéraire Suisse de Bienne et à l’Institut Y de la Haute Ecole d’Art de Berne. Il est raconteur d’histoires et vit à Berne. Entre 2015 et 2016 il a fait partie du collectif d’auteurs en résidence du Théâtre de Lucerne. Il a publié plusieurs livres, mais c’est à travers ses fascinantes performances, en rythme ou en musique, que vivent ses textes. Mots et résonnances : cette combinaison joue un rôle important dans l’œuvre de Michael Fehr. Le bernois, dont la vue est fortement diminuée, est en effet également un poète reconnu sur la scène du Spoken-Word. Il n’écrit pas ses textes, il les enregistre vocalement. Ses textes résistent ainsi à la lecture. Ils sonnent, au lieu d’être lus.
Dans GLANZ UND SCHATTEN (Eclat et ombre), un recueil de nouvelles qu’on pourrait aussi nommer pièces à dire, Michael Fehr transforme à l’aide de mots courts et soigneusement sélectionnés des phrases ou expressions brèves en scènes profondes, aux images surprenantes. On ne sait jamais où la ligne suivante va mener : va-t-elle faire surgir du nouveau, préciser ce qui a été dit, ou faire un détour ? La langue de Fehr n’est peut-être pas nouvelle, mais elle lui est propre : certaines lignes ne contiennent qu’un mot, certaines une phrase entière. Les ajouts dialectiques dans les textes de Fehr n’ont rien à voir avec du calcul ou du folklore : il ne fait simplement pas de différence entre langue standard et dialecte, a-t-il expliqué au cours d’un entretien lors du Salon du livre à Leipzig. Il n’y a pour lui qu’une seule langue, les mots et les sons, qui sont à sa disposition. À partir de ce fonds il crée sa littérature.
GLANZ UND SCHATTEN. Nouvelles. Der gesunde Menschenversand 2017
SIMELIBERG. Der gesunde Menschenversand 2015
KURZ VOR DER ERLÖSUNG. Dix-sept phrases. Der gesunde Menschenversand 2013
Christoph Geiser
« Je suis de nature plutôt mélancolique et donc peu apte aux auto-descriptions distrayantes. J’ai grandi à Bâle, ai voulu étudier la théologie, me suis égaré en sociologie, ai interrompu mes études peu de temps après et ai gagné ma vie en tant que journaliste. Depuis 1974 je vis en tant qu’auteur indépendant, la plupart du temps à Berne, et j’écris principalement des romans. C’est à Berlin que je me sens le mieux. C’est dans les univers picturaux de Caravage et dans les cachots du Marquis de Sade que je me sens chez moi. » Voilà ce qu’écrit Christophe Geiser à propos de lui-même sur « Literapedia Bern ».
Clemens Klopfenstein résume son nouveau roman DA BEWEGT SICH NICHTS MEHR (Plus rien ne bouge) comme suit : « Il se serait par hasard trouvé dans les parages de trois meurtres, écrit-il : dans des volutes d’angoisse, tout se mélange dans son esprit, les meurtres, les meurtriers, les victimes, les policiers, les médias, et tout tourbillonne comme dans une machine à laver, les contractants, les pièces détachées, les détails, les armes, les ombres, les bars. »
L’écrivain s’embourbe avec son désir et son imaginaire dans ces trames qu’il tente désespérément de reconstruire à force de recherches en ligne et d’interroger les sources. Ce qui ne le fait que d’autant plus patauger, comme il le dit, dans l’enchevêtrement de ces histoires, car chaque mot, chaque expression appelle associations, jeux de mots et calembours, qui laissent tout à coup ce rapport policier d’apparence innocente prendre des allures énigmatiques.
DA BEWEGT SICH NICHTS MEHR. Récit. Spiegelberg Verlag 2016
SCHÖNE BESCHERUNG. Roman. Offizin Verlag 2013
DER ANGLER DES ZUFALLS. Scènes d’écriture. Ed. Michael Schläfli. Männerschwarm Verlag 2009
Heiner Goebbels
Le compositeur et réalisateur Heiner Goebbels, né en 1952, fait partie des représentants les plus signifiants de la scène musicale et théâtrale contemporaine. Son travail va à l’encontre des conventions de la musique d’opéra, de théâtre et de concerts. Il est Professeur à l’Institut de sciences théâtrales appliquées de l’Université Justus Liebig à Giessen et a dirigé de 2012 à 2014 la triennale de Ruhr.
Plusieurs de ses pièces reconnues, souvent caractérisées comme politiques, ont été produites en collaboration étroite avec l’écrivain Heiner Müller. Dans ses œuvres, image, musique et texte sont traités de façon égale et diffuse.
« On a trop souvent l’impression que le texte ne serait pour le compositeur que l’ornement d’une composition préalablement imaginée, et non un défi de remise en question de ses propres moyens confrontés au travail avec le texte. [...] Mais les textes littéraires ne jouent pas qu’un rôle de nourriture pour la voix des chanteurs et acteurs ; il me semble bien plus important de s’appliquer à faire transparaître à l’aide de moyens musicaux le caractère matériel de ces textes. »
ÄSTHETIK DER ABWESENHEIT : TEXTE ZUM THEATER. Theater der Zeit 2012
KOMPOSITION ALS INSZENIERUNG. Wolfgang Sandner (Hrsg.), Verlag der Autoren 2002
Nora Gomringer
Nora Gomringer est une poétesse et récitatrice suisse allemande lauréate du prix Ingeborg Bachmann 2015. Elle vit à Bamberg, où elle dirige depuis 2010 la villa d’artistes internationale Villa Concordia. Il n’aura pas fallu attendre son recueil KLIMAFORSCHUNG (Recherche climatique, trad. Vincent Barras, Editions d’en bas, 2011) pour la consacrer comme l’une des poétesses les plus importantes de sa génération.
Nora Gomringer ne se défile pas devant les sujets difficiles ou brutaux. Elle doit son succès dans la poésie tant à sa gestion virtuose de la langue qu’à ses qualités de performeuse : grâce à sa formation de chanteuse classique, elle dispose d’un large panel d’expression artistique et au-delà de cela d’une énergie qui lui permet d’aller explorer jusqu’au dernier recoin du langage. Quand Nora Gomringer est sur scène, ça parle, crie, résonne, siffle, chuchote, chante et jubile.
L’intérêt de Gomringer pour l’impact de la transmission, son sens de la dramaturgie et son enthousiasme pour les mises en scène verbales lui viennent de sa phase de poetry slam entre 2001 et 2006. Elle était une « slammeuse motivée », dit-elle, toutefois son éducation et ses objectifs étaient trop classiques pour pouvoir durablement intégrer cette scène. Qui écoute attentivement les textes de Gomringer ou d’autres de ses propos percevra en arrière-fond des notes de malheur et d’intranquillité. Ce qui la caractérise toutefois, c’est sa confiance aveugle en la langue. Et l’évidence avec laquelle elle considère la littérature et l’art comme faisant naturellement partie de la vie.
MORBUS. Livre avec CD audio. Illustré par Reimar Limmer. Voland & Quist 2015
MEIN GEDICHT FRAGT NICHT LANGE RELOADED. Livre avec CD audio. Voland & Quist 2015
ACHDUJE. Textes à déclamer. Der gesunde Menschenversand 2015
ICH BIN DOCH NICHT HIER, UM SIE ZU AMÜSIEREN. Textes et discours. Voland & Quist 2015
Georgi Gospodinov
Georgi Gospodinov est né en 1968 à Jambol (Bulgarie). Il s’est fait connaître du public international grâce à sa première œuvre ROMAN NATUREL (1999), aujourd’hui traduit en plus de 23 langues. Il écrit des poèmes, des nouvelles, des romans et des pièces de théâtre, travaille en tant que critique littéraire et enseigne l’écriture créative. Il se désigne lui-même comme un raconteur d’histoires.
L’enfance est pour la littérature de Gospodinov la phase de la vie la plus importante, surtout les sept premières années, quand le statut, l’apparence et l’origine ne jouent encore aucun rôle. « J’aime ce temps anarchique de l’enfance. Plus tard vient l’Etat. L’école t’apprend à être fier d’être suisse ou bulgare. Mais si tu crois que les bulgares sont les meilleurs, c’est que d’autres sont plus mauvais. C’est la logique stupide du nationalisme. »
Dans son dernier recueil 8 MINUTES ET 19 SECONDES, nous partons à la rencontre de villageois simplets dans le sud des Balkans, d’un enfant qui adopte successivement différents pères, d’un auteur qui parcourt Lisbonne à la recherche d’une belle inconnue, et de nombreux adultères, parfois simples et parfois sophistiqués ; certains récits jettent un regard sur le passé communiste du pays, d’autres sur le futur de l’humanité.
De façon ludique et élégante, Gospodinov déploie devant nous un univers tel que nous le connaissons déjà de ses deux romans – un univers dont la précision s’applique aux moindres détails et qui ressemble parfois bizarrement au monde d’ici-bas, mais qui obéit cependant plus à la spontanéité des idées et aux escapades fantaisistes qu’aux lois de la réalité.
8 MINUTEN UND 19 SEKUNDEN. Nouvelles. Traduit du bulgare par Alexander Sitzmann. Droschl Verlag 2016
PHYSIK DER SCHWERMUT. Roman. Traduit du bulgare par Alexander Sitzmann. Droschl Verlag 2014
KLEINES MORGENDLICHES VERBRECHEN. Poèmes. Traduit du bulgare par Alexander Sitzmann u.a. Droschl Verlag 2010
Rolf Hermann
Rolf Hermann est né en 1973 à Loèche dans le canton du Valais et vit aujourd’hui à Bienne comme écrivain indépendant. Il a payé ses études de langues et littératures allemande et anglaise à Fribourg et dans l’Iowa (USA) grâce à son travail de berger sur les terres du Simplon. Rolf Hermann est membre du groupe « Die Gebirgspoeten » (les poètes de la montagne), dont la spécialité est de combiner les patois, et écrit de la poésie, de la prose, des textes de performance et des pièces radiophoniques, souvent en dialecte. Ses textes, jusqu’ici parus dans des revues, des anthologies et en cinq publications propres ont été partiellement traduits en arabe, anglais, français, lituanien, polonais et espagnol.
Son dernier recueil de nouvelles, DAS LEBEN IST EIN STEILHANG (La vie est une corniche), décrit comment un étudiant américain travaillant à une thèse sur le dialecte du Lötschental fait l’expérience dans un karaoké-bar d’une révélation étonnante. Un couple accro à la télévision et éleveur amateur de moutons redécouvre dans son pâturage l’érotisme des baisers. Et au gymnase Sanctus Jubilate une curieuse petite populace de profs cultive, entre formations continues absurdes et voyages d’études au musée des armes de Venise, son dasein pédagogique.
Avec humour et malice, Rolf Hermann se dédie à la folie quotidienne. Ce nouveau recueil constitue un livre protéiforme et résolument savoureux. Et comme le dialecte valaisan n’est pas forcément une langue universelle, la plupart de ces corniches linguistiques peuvent être gravies à deux reprises : uff Wallisärtiitsch et dans la traduction en Hochdeutsch d’Ursina Greuel et de Rolf Hermann lui-même.
DAS LEBEN IST EIN STEILHANG. Nouvelles. Der gesunde Menschenversand 2017
KURZE CHRONIK EINER BRUCHLANDUNG. Poèmes. Verlag X-Time 2011
HOMMAGE AN DAS RÜCKENSCHWIMMEN IN DER NÄHE VON CHICAGO UND ANDERSWO. Poèmes. Verlag X-Time 2007
Franz Hohler
Franz Hohler est né en 1943 à Bienne et vit à Zurich. Il est l’un des écrivains les plus connus de Suisse. Son œuvre comprend des livres pour enfants, des romans, des nouvelles et des textes inspirés par ses marches en montagne, qu’il pratique depuis de nombreuses années avec passion.
« Les montagnes ne sont pas mortes. Elles vivent. » Ainsi se termine le volume IMMER HÖHER (Toujours plus haut), une collection de textes sur les randonnées de Franz Hohler, qui l’auront entre autres hissé sur des sommets de quatre mille voire de cinq mille mètres. Ce sont des récits poétiques et précis, qu’on a l’impression de revivre à la sensation près, et qu’on lit comme si on cheminait et escaladait aux côtés de Franz Hohler. Ces marches sont d’ailleurs mises en musique par les cors des alpes d’Ulrich Haider et de Michael Büttler.
L’écrivain Urs Widmer distingue avant tout chez Hohler un rapport aigu à la réalité, combiné à un grand sens de l’humour. Son plus grand talent serait de « réussir à regarder le monstre de la réalité droit dans les yeux [...] sans pour autant perdre de sa gaité ». Franz Hohler est connu pour être un poète profondément humaniste, dont les textes transforment le monde. Le sens qui surgit de ses observations d’apparence hasardeuse nous poursuit dans notre quotidien. Franz Hohler reste le vieux fauteur de trouble qui, depuis des dizaines d’années, remet par ses histoires hilarantes, touchantes, intelligentes, joyeuses, tristes et pensives notre fragile équilibre entre apathie et normalité à chaque fois en péril.
« Les histoires », d’après Franz Hohler, « font partie de nos besoins vitaux, au même titre que boire et manger. »
ALT? Poèmes. Luchterhand 2017
IMMER HÖHER – EIN KLANGBUCH. CD avec le cor des Alpes d’Ulrich Haider et de Michael Büttler. Zytglogge Verlag 2016
IMMER HÖHER. Récits d’expériences. AS Verlag 2014
SPAZIERGÄNGE. Nouvelles. Luchterhand 2012
Anja Kampmann
Anja Kampmann est née à Hambourg en 1983 et a étudie à l’Université de Hambourg et à l’Institut allemand de littérature à Leipzig. Elle vit à Berlin.
Son premier recueil de poésie PROBEN VON STEIN UND LICHT (Echantillons de pierre et de lumière) est paru au sein de la collection reconnue « Lyrik Kabinett » chez Hanser Verlag.
« Je n’ai jamais vu tant de neige / jamais tant de contrées aussi grossièrement gelées / froides et glaciales comme la terre qui se détourne de nous ». Ainsi débute l’exploration paysagère d’Anja Kampmann. Beaucoup de ses poèmes oscillent entre étrangeté et familiarité, entre le caractère informulé de la nature et l’expression poétique. « C’est de l’horizon dont on doit parler », l’horizon qui partout délimite le monde de l’individu, mais lui donne en même temps un cadre. On découvre en Anja Kampmann une jeune nouvelle voix de la poésie contemporaine.
« Verre », « calcaire », « glace », « sel », « sable » – ainsi s’intitulent les chapitres de PROBEN VON STEIN UND LICHT, rassemblant chacun des poèmes reflétant les caractéristiques de ces matériaux. Kampmann regarde par la fenêtre du présent et trouve des sédiments des jours passés, elle plonge au fond de la mer, elle regrette la profondeur des couches de notre monde et de notre temps – et se sert pour tout cela d’une langue dont la clarté et la légèreté surprennent. Ce n’est toutefois pas une idylle que l’auteure dépeint ; la présence et l’incidence de l’humain se fait partout ressentir dans ce début d’Anja Kampmann, particulièrement dans ses formes les plus dérangeantes.
PROBEN VON STEIN UND LICHT. Poèmes. Hanser Verlag 2016
Anna Kim
Née en 1977 en Corée du Sud, Anna Kim émigre très tôt en Allemagne. Elle a fait ses études à Vienne et vit aujourd’hui entre Vienne et Berlin.
Les critiques littéraires se plaignent souvent de ce que les jeunes auteurs n’auraient rien à raconter, que leurs héros seraient des semi-intellectuels cyniques, ennuyés et renfermés sur eux-mêmes n’ayant aucune idée de la vraie vie et donc rien à dire au lecteur. Anna Kim prouve avec ses livres qu’il n’en est rien. Elle s’occupe de thématiques actuelles, les met en lien avec l’Histoire et le destin des protagonistes – toujours avec beaucoup de suspense et en se fondant sur des recherches fouillées.
Son dernier roman DIE GROSSE HEIMKEHR (Le grand retour) met en scène une jeune femme à la recherche de ses racines familiales à Seoul. Une analepse nous fait revivre la fuite de trois personnes face aux sbires du régime sud-coréen proche de l’effondrement. Bien que leur traversée illégale et dangereuse vers le Japon réussisse, le passé ne tardera pas à les rattraper.
Ce roman à la foi politique et historique est aussi une passionnante histoire d’espionnage et traite d’amitié, de loyauté et de trahison, de la vie impossible sous une dictature. Le livre raconte les conséquences de la division de la presqu’île coréenne et les prémices de la Corée du Nord telle que nous la connaissons, lorsque le règne violent de Kim II Sung n’en était encore qu’à ses balbutiements. Et de poser la question : à qui appartient l’Histoire ? Aux vainqueurs, qui closent les archives et faussent les documents ? Ou à l’individu, qui transmet ses expériences de perte et de perdition aux autres, tout aussi perdants que lui ?
DIE GROSSE HEIMKEHR. Roman. Suhrkamp 2017
DER SICHTBARE FEIND. DIE GEWALT DES ÖFFENTLICHEN UND DAS RECHT AUF PRIVATHEIT. Essai. Residenz Verlag 2015
ANATOMIE EINER NACHT. Roman. Suhrkamp 2012
Chris Kraus
Chris Kraus, né en 1963, est réalisateur, scénariste et romancier. Ses films (parmi lesquels « Scherbentanz » et « Poll ») ont été maintes fois récompensés.
Son dernier roman DAS KALTE BLUT (Le sang froid) raconte l’histoire de deux frères germano-baltes, Hub et Koja Solm de Riga, qui font carrière : d’abord dans l’Allemagne nazie, puis comme espions pour la jeune Bundesrepublik. Le troisième personnage de ce roman est leur sœur adoptive Ev. Elle est tantôt l’amante de l’un, tantôt l’amante de l’autre. Ce ménage à trois passionnel creuse des abîmes de la morale qui mènent à de périlleuses embrouilles politiques. L’histoire des Solm est aussi l’histoire de l’Allemagne au XXème siècle et de l’effondrement d’un ancien monde, des cendres duquel un inquiétant phénix renaît.
Les frères sont liés l’un à l’autre par un amour fraternel sincère : l’aîné est extraverti et rayonnant, le cadet est plus sensible. Koja voudrait vivre la vie d’artiste à l’instar de son père, mais les bouleversements politiques et les soucis financiers l’en empêchent. Il se laisse ainsi entraîner par son grand frère Hub dans le mouvement nazi de Lettonie des années trente, puis plus tard à Berlin.
Les deux frères ont en commun un amour enflammé pour leur sœur adoptive Ev. Lorsqu’ils découvrent qu’Ev a des racines juives, Koja, devenu entre temps Obersturmführer au sein des SS, peut la préserver de l’extermination.
Après la guerre, à son retour de la prison soviétique, Koja doit se réinventer. Mais sa fonction d’agent-double le fait s’enfoncer toujours plus loin dans les mensonges et dans la trahison. Un fabuleux roman sur les abîmes du XXème siècle.
DAS KALTE BLUT. Roman. Diogenes Verlag 2017
DIE BLUMEN VON GESTERN. Un scénario. Diogenes Verlag 2016
Sibylle Lewitscharoff
Sibylle Lewitscharoff, née en 1954 à Stuttgart d’un père bulgare et d’une mère allemande, a étudié les sciences des religions à Berlin où elle vit aujourd’hui, après des séjours prolongés à Buenos Aires et Paris.
Virevoltante, ébouriffante, la lauréate du Prix Büchner nous promène dans son nouveau roman DAS PFINGSTWUNDER (Le miracle de Pentecôte) de l’enfer au paradis. Les rôles principaux de ce roman sont tenus par la plus grande comédie de la littérature universelle, l’âme en instance de 34 spécialistes de Dante et un émouvant narrateur qui se donne tant de mal pour rester les pieds sur terre qu’un mot tel que « miracle » ne franchit ses lèvres qu’avec difficulté. Sybille Lewitscharoff déploie sous nos yeux avec un amour et une passion infinis le paysage intégral de la « Commedia », et nous y plongeons avec délectation.
Elle se livre à l’entreprise audacieuse de jeter sous forme de roman les fondements d’une poétologie de l’extase à l’effet immédiat : au contact de ce phénomène de lévitation et d’émotion poétiques, le lecteur se sent secoué, comblé, soulevé. Sous ses yeux, l’art de la lecture exacte et de l’exégèse pénible se transforment en une chevauchée endiablée à travers l’univers de pensée de l’Occident, en une aventure parmi l’infinité d’inévitables métamorphoses qu’une œuvre d’art faite de mots subit au cours des siècles. C’est ainsi que Sibylle Lewitscharoff réussit le grand écart entre ton élevé et populaire, exigence et divertissement.
« DAS PFINGSTWUNDER de Sybille Lewitscharoff éclate et bouleverse une littérature contemporaine saturée de réalisme. » (Der Spiegel, Björn Hayer)
DAS PFINGSTWUNDER. Roman. Suhrkamp 2016
VOM GUTEN, WAHREN UND SCHÖNEN. Leçons de poétique à Francfort et à Zurich. Suhrkamp 2012
KILLMOUSKY. Roman. Suhrkamp 2014
Jonas Lüscher
Jonas Lüscher est né en 1976 en Suisse et vit à Munich. Après une formation de maître d’école primaire à Berne et quelques années dans l’industrie du cinéma allemand, il entame des études à la Haute Ecole de Philosophie de Munich. En 2011 il s’inscrit à l’ETH à Zurich, où il travaillera à une thèse sous la direction de Michael Hampe. Il quitte l’ETH en 2014 et vit depuis comme auteur indépendant.
Le protagoniste de son premier roman KRAFT, paru en 2017, donne son titre au livre : Richard Kraft est professeur de rhétorique à Tübingen, malheureux en ménage et proche de la ruine, lorsqu’il trouve un moyen potentiel de le sortir de sa misère. Son vieux compagnon István, professeur à Stanford, l’invite à prendre part à un concours scientifique à la Silicon Valley. En s’appuyant sur la réponse de Leibniz à la question de la théodicée, Kraft doit argumenter dans une présentation de 18 minutes pourquoi tout ce que nous avons est bon et en quoi on peut tout de même l’améliorer. La meilleure réponse se verra récompensée par un million de dollars. Ce qui permettrait à Kraft de se s’affranchir enfin de son exigeante épouse...
Avec de l’humour, un peu de méchanceté et beaucoup d’ardeur, Jonas Lüscher raconte dans cet intelligent roman l’histoire d’un homme se confrontant aux décombres de sa vie et d’une élite de pouvoir prête à briser tous les tabous, que rien ni personne ne peut arrêter.
Après FRÜHLING DER BARBAREN (Le printemps des barbares), dernier récit de Jonas Lüscher loué par la critique qui s’attaquait à la crise financière, KRAFT s’avance comme un roman faisant montre d’ingéniosité, de scepticisme et d’un sens du réalisme dont on cherche encore d’autres représentants dans la jeune littérature contemporaine allemande.
KRAFT. Roman. Verlag C.H. Beck 2017
FRÜHLING DER BARBAREN. Récit. Verlag C.H. Beck 2013
Nikola Madzirov
Nikola Madzirov est né en 1973 à Strumica (Macédoine) et a fait ses études à Skopje. En 1999, son premier recueil de poèmes ZAKLUCENI VO GRADOT (Enfermé dans la ville) ébranle la scène littéraire, ce qui vaudra à son auteur quelques prix et une importante reconnaissance.
Si le poète était auparavant déjà considéré comme le « phare de la littérature macédonienne actuelle », les critiques voient désormais en lui l’une des voix les plus prégnantes d’Europe. La poésie de Madzirov frappe par sa légèreté. Elle joue avec les objets quotidiens et déconstruit leur signification courante et les associations qu’ils appellent, afin de remettre en question nos schémas de pensée habituels et d’ouvrir de nouveaux mondes sensitifs. « Dans ses vers se déploie une topographie mélancolique d’identités temporaires et instables, dont les souvenirs, lieux et non-lieux ne s’intègrent jamais à une seule histoire », dit l’auteure allemande Uljana Wolf à propos de Madzirov. Ses œuvres sont traduites en 40 langues.
De ses poèmes ont été tirés deux courts-métrages, tournés à Zagreb et à Sofia. Il a aussi inspiré l’un des morceaux du compositeur de jazz américain Oliver Lake, qui a également collaboré avec Björk et Lou Reed. Madzirov a travaillé pour le magazine macédonien en ligne « Blesok », est coordinateur du réseau international « Lyrikline » et est également actif en tant qu’essayiste et traducteur.
VERSETZTER STEIN. Poèmes. Traduit du macédonien par Alexander Sitzmann. Hanser Verlag 2011
Urs Mannhart
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Danke für Ihr Verständnis.
Monika Maron
Monika Maron est née à Berlin en 1941 et a grandi dans les quartiers rattachés à l’Allemagne de l’Est. Après son bac, elle travaille une année comme fraiseuse dans une boîte industrielle. Après deux autres années comme assistante de régie sur la chaîne officielle de la DDR, elle entame des études théâtrales et d’histoire de l’art et gagne sa vie en tant que journaliste. En 1988, elle quitte la DDR et émigre à Hambourg pour revenir à Berlin en 1993, où elle vit et travaille encore aujourd’hui.
Son premier roman FLUGASCHE (Cendre de vol, 1981), censuré en DDR, éveille l’attention dans l’Allemagne fédérale. Elle est l’une des premières à faire de la pollution climatique le sujet principal d’une œuvre littéraire en dénonçant les crimes contre l’environnement commis par la DDR dans le cadre de l’extraction de lignite. Dans ce livre, elle traite également de ses expériences dans le journalisme.
Alors qu’elle travaille à un roman, Monika Maron commence à s’intéresser aux corbeaux. De curiosité naissante elle passe rapidement à la fascination : au cours de promenades dans son quartier, elle croise ces animaux, s’en rapproche, ils deviennent l’objet de ses pensées, elle cherche leur trace dans la littérature. Ce qui débute comme une recherche documentaire pour un roman prend vite le contour d’une réflexion autonome. Dans la nouvelle mélancolique KRÄHENGEKRÄCHZ (Croassements de corbeaux), elle détaille ses observations et ses pensées principalement fondées sur la question du rapport des hommes aux animaux. Ce texte autoréflexif analyse, à travers la figure de ce volatile, les liens entre la nature animale de l’homme et l’amour, l’âge et la mortalité.
KRÄHENGEKRÄCHZ. Récit. S. Fischer Verlag 2016
ZWISCHENSPIEL. Roman. S. Fischer Verlag 2013
ACH GLÜCK. Roman. S. Fischer Verlag 2007
Robert Menasse
Robert Menasse est né en 1954 à Vienne et a étudié la littérature allemande, la philosophie et les sciences politiques à Vienne, Salzbourg et Messina.
Menasse a ensuite enseigné durant six ans – d’abord comme lecteur de littérature autrichienne, puis comme professeur invité – à l’Institut de théorie littéraire à l’Université de Sao Paulo.
Après le succès de l’essai DER EUROPÄISCHE LANDBOTE (Le coursier européen, 2012) paraît en 2014 un volume contenant treize discours tenus entre 2011 et 2014 dans lesquel il propage massivement la vision qu’il propose. Avec HEIMAT IST DIE SCHÖNSTE UTOPIE. REDEN (WIR) ÜBER EUROPA (La patrie est la plus belle utopie. Parlons de l’Europe), Menasse prouve une fois de plus sa sagacité et son talent rhétorique. À la différence de certains discours de politiciens, les exposés de Menasse donnent toujours l’impression que leur déclamateur maîtrise son sujet. Les phrases ne cachent rien d’autre que du contenu intellectuel – et en quantité. Idées et visions sont amenées par des arguments simples à comprendre, régis par une logique implacable et sont soutenus par des propositions concrètes pouvant aider à s’orienter d’après cette vision. Menasse livre ainsi des pistes pour la poursuite du développement de son projet européen. En tant qu’utopiste littéraire, l’Autrichien marche dans les traces de Jürgen Habermas et Hans Magnus Enzensberger.
« C’est un philosophe à l’ancienne, il ne prend pas de gants, encore moins quant il s’agit des autres philosophes. » (D’après la justification du jury du Prix Heinrich Mann 2013.)
Dix ans après son DON JUAN DE LA MANCHA ODER DIE ERZIEHUNG DER LUST (Don Juan de la Mancha ou l’éducation de l’envie, 2007) sort maintenant son grand roman européen DAS ENDE DER EWIGKEIT (La fin de l’éternité).
DAS ENDE DER EWIGKEIT. Roman. Suhrkamp Verlag 2017
HEIMAT IST DIE SCHÖNSTE UTOPIE. REDEN (WIR) ÜBER EUROPA. Suhrkamp Verlag 2014
DER EUROPÄISCHE LANDBOTE, Die Wut der Bürger und der Friede Europas oder Warum die geschenkte Demokratie einer erkämpften weichen muss. Zsolnay 2012
Lina Meruane
Lina Meruane est connue pour être l’une des voix féminines les plus marquantes de la jeune littérature contemporaine chilienne. Née en 1970 à Santiago, elle vit depuis l’an 2000 à New York et enseigne à l’université. Là-bas, elle a également fondé la maison d’édition indépendante Brutas Editoras, qu’elle dirige toujours. Elle a publié son premier recueil de nouvelles LAS INFANTAS en 1998 ; son œuvre a depuis grandi et gagné en diversité et comprend aujourd’hui tant des romans que des essais ou des anthologies.
SANGRE EN EL OJO, son troisième roman, traduit en anglais, s’ouvre sur une urgence médicale : la fête bat son plein quand une jeune femme est soudainement victime d’une hémorragie oculaire. Elle est convaincue d’en ressortir aveugle. Plus la menace de la perte de la vue s’accentue, plus urgente se fait son envie d’être capable de se localiser à nouveau. Voir devient dans ce roman une métaphore de l’Être – mais aussi de la langue et de l’écriture comme actes d’une possible transformation. La question « qui suis-je » se pose à la protagoniste autant corporellement que culturellement. L’identité est ici analysée comme croisement : entre voir et ne pas voir, c’est-à-dire savoir et ne pas savoir, et entre origine et individualité. Le roman – également procès-verbal d’une indignation féminine – se révèle donc comme une cascade essoufflée de brefs chapitres dans lesquels la narratrice, littéralement hors d’elle, ne peut même plus compter sur la parole. La belle prose de Lina Meruane est acérée, irrite presque par sa précision, mais elle est surtout aussi poreuse et perméable que le monde qu’elle décrit.
SEEING RED. Traduit en anglais par Megan McDowell. Roman. Deep Vellum Publishing 2016
SANGRE EN EL OJO. Roman. Caballo de Troya 2012
FRUTA PODRIDA. Roman. Fondo de Cultura Economica 2007
PÓSTUMA. Roman. Planeta 2000
CERCADA. Roman. Editorial Cuarto Propio 2000
Quentin Mouron
Quentin Mouron est un écrivain suisse aux racines canadiennes. Il est né en 1989 à Lausanne et a grandi au Québec. En Suisse romande comme en France, il s’est rapidement imposé avec ses cinq romans comme étoile montante parmi les jeunes littérateurs.
Dans son dernier roman NOTRE-DAME-DE-LA-MERCI, brillamment traduit en allemand, Mouron décrit l’univers rude et insensible d’un jeune trio dans un village de province canadienne du même nom. La façon dont l’auteur esquisse ses personnages, que nous ne suivons que le temps d’une glaciale journée d’hiver, est magistrale : en profondeur, sans pour autant perdre en souplesse – tout comme son talent pour incorporer une perspective extérieure et maintenir certains non-dits. Dans cet environnement froid, imprégné de violence brute et de désespoir, les jeunes gens doivent trouver leur place. Le suicide du père de Jean ouvre le bal d’une recherche de bonheur dans un monde criant d’injustice. Chaque mouvement entamé, aussi bienveillant soit-il, finit en agression.
La langue de Mouron est dure, anguleuse et loin de chercher à plaire. Elle rend dépendant. Elle parvient à maintenir en vie une faible étincelle de douceur, malgré la violence, les amours trahies et la dépression sociale. C’est peu. C’est beaucoup. Sur à peine une centaine de pages, c’est un fabuleux spectacle qui prend place.
« Le roman de Quentin Mouron est une curiosité littéraire renversante, dont on ne vient pas facilement à bout. » (Roman Bucheli, NZZ)
NOTRE-DAME-DE-LA-MERCI. Roman. Traduit du français par Holger Fock und Sabine Müller. bilgerverlag 2016
L'ÂGE DE L'HÉROÏNE. Roman. Editions de la Grande Ourse 2016
TROIS GOUTTES DE SANG ET UN NUAGE DE COKE. Roman. Editions de la Grande Ourse 2015
Sharon Dodua Otoo
Sharon Dodua Otoo est née en 1972 à Londres et a grandi dans un quartier où elle formait avec ses parents et frères et sœurs la seule famille de noirs parmi les blancs. Elle a longtemps manqué de moyens pour exprimer cette première expérience d’étrangeté, dit-elle. Ses parents étant déjà adultes lors de leur arrivée en Angleterre d’Accra (Ghana), ils ne pouvaient pas non plus lui venir en aide.
Elle a vécu et étudié à Londres jusqu’à ce qu’elle parte vivre à Berlin à 34 ans et qu’elle rédige son premier texte en langue allemande, qui lui valut le Prix Ingeborg Bachmann en 2016. Le texte ainsi primé HERR GRÖTTRUP SETZT SICH HIN (M. Gröttrup prend place) est bien plus qu’une tentative réussie de décrire la ponctualité allemande à travers la cuisson à la seconde près d’un œuf au petit déjeuner ; c’est aussi une satire savamment agencée et à la psychologie très subtile des mariages bien établis, en l’occurrence de celui de l’ingénieur en astronautique Helmut Gröttrup.
Les observations de Sharon Dodua Otoo s’offrent avec raffinement à une multitude d’interprétations et ne manquent jamais d’humour. Mère de quatre fils, militante, elle intervient en Allemagne contre le racisme et se bat pour préserver la confiance et l’assurance des personnes de couleur.
Dans le récit paru en 2012 en anglais puis en allemand sous le titre DIE DINGE, DIE ICH DENKE, WÄHREND ICH HÖFLICH LÄCHLE... (Les choses auxquelles je pense quand je souris poliment...), Sharon Dodua Otoo raconte l’échec banal d’un mariage entre une africaine et un allemand et leurs préoccupations face à leurs enfants grandissants. Mais surtout, ce texte décrit l’expérience de se sentir étranger, d’appartenir à une autre culture, à une autre langue, et de charrier avec soi d’autres habitudes et d’autres rituels.
SYNCHRONICITY. Roman. Traduit de l’anglais par Mirjam Nuenning. edition assemblage 2014
DIE DINGE, DIE ICH DENKE, WÄHREND ICH HÖFLICH LÄCHLE... Récit. Traduit de l’anglais par Mirjam Nuenning. edition assemblage 2013
Tim Parks
Tim Parks est né à Manchester, a grandi à Londres et a étudié à Cambridge et à Harvard. Il vit depuis 1981 en Italie. Ses romans et ses essais ont reçu l’estime de la critique et de nombreux prix. Tim Parks enseigne la traduction littéraire à l’Université de Milan et écrit pour le New Yorker et pour la New Review of Books. Il a entre autres traduit des œuvres de Moravia, Calvino, Calasso, Tabucchi et Machiavel.
THOMAS ET MARY, son dernier livre paru ce printemps, raconte une histoire d’amour à rebours. Thomas et Mary sont mariés depuis 30 ans. Ils ont deux enfants, un chien, une maison à la campagne. Après des années de distanciation, ils prennent – enfin – une décision. Tim Parks met en mots ce qui arrive quand un couple expire : l’attention et l’abandon font place à de longues promenades avec le chien, à l’art d’éviter de se coucher à la même heure, aux disputes sur qui a laissé la porte du frigo ouverte ou a négligé de débarrasser la table. Chronique passionnément intime d’un mariage tel que de nombreuses et nombreux lectrices et lecteurs doivent le connaître, ce roman merveilleusement léger navigue entre comédie et tragédie. Tim Parks dépeint de façon touchante les répercussions de la douloureuse perte que subit la famille entière quand le couple, au fond de son être, a décidé que c’en était fini.
THOMAS UND MARY. Roman. Traduit de l’anglais par Ulrike Becker. Verlag Antje Kunstmann 2017
WORÜBER WIR SPRECHEN, WENN WIR ÜBER BÜCHER SPRECHEN. Traduit de l’anglais par Ulrike Becker und Ruth Keen. Verlag Antje Kunstmann 2016
DER EHRGEIZIGE MR. DUCKWORTH. Roman. Traduit de l’anglais par Lutz-W. Wolff. Verlag Antje Kunstmann 2015
Marie-Jeanne Urech
Marie-Jeanne Urech est née en 1976 à Lausanne, où elle a étudié la sociologie et l’anthropologie. Elle est diplômée de la London Film School en 2011. Après avoir produit trois films documentaires, Marie-Jeanne Urech se tourne vers l’écriture romanesque. Elle vit aujourd’hui comme auteure indépendante à Lausanne. Dans toutes ses œuvres, Marie-Jeanne Urech attire l’attention par son traitement simple, plein d’humour mais toujours exigeant de thèmes complexes.
Son dernier livre, un récit comico-poétique paru en allemand en 2017 sous le titre SCHNITZ (morceau), raconte l’histoire fantastique voire surréaliste d’une famille qui s’en sort plutôt mal que bien. Chacun dans le ménage tente avec ses propres et souvent absurdes moyens de faire face à un monde toujours plus cher et oppressant. L’histoire se base sur une expérience directe de la crise des subprimes dans la ville de Cleveland, qui a surtout touché Marie-Jeanne Urech par sa visibilité : des fermetures d’usine, des rues et des maisons abandonnées, pillées. Pour échapper à la menace d’une résiliation, les membres de la famille Kummer mettent diverses stratégies en place, plus aventureuses les unes que les autres. Le roman est peuplé de personnages extravagants et merveilleux, comme la chanteuse d’opéra engloutit-tout, qui enchantent par une explosion de couleurs et d’imprévus les soucis insistants du quotidien difficile.
SCHNITZ. Roman. Traduit du français par Liz Künzli. bilgerverlag 2017
MALAX. Roman. Hélice Hélas Editeur 2016
REQUISITEN FÜR DAS PARADIES. Roman. Traduit du français par Claudia Steinitz. bilgerverlag 2013
David van Reybrouck
L’historien, ethnologue, archéologue et écrivain David Van Reybrouck, né en 1971 à Bruges, a présenté en 2013 à Loèche-les-Bains son livre KONGO, un succès mondial.
Dans son nouvel ouvrage GEGEN WAHLEN il critique les mécanismes actuels de la démocratie, qu’il décrit avec des arguments irritants de clarté comme « syndrome de fatigue démocratique ».
Les élections sont l’instrument primitif d’une logique impossible. Elles conduisent les politiciens à faire des promesses qu’ils ne peuvent pas tenir. Le livre polémique de David Van Reybrouck ne pourrait pas être plus actuel. Les rapports que nous entretenons avec la démocratie sont étranges : tout le monde est pour, mais plus personne ne croit vraiment à son bon fonctionnement – à tout le moins pas à travers les élections. Quand les résultats ne sont pas ceux qu’on attend, les reproches de populisme fusent. Le peuple va de moins en moins voter, le taux de membres des partis politiques recule dramatiquement. Comment une démocratie peut-elle fonctionner de façon efficace et prendre des décisions fructueuses à long terme quand les politiciens doivent principalement consacrer leur temps et leur énergie à leur campagne de réélection en vue des prochaines votations ?
ZINK. Suhrkamp Verlag 2017
GEGEN WAHLEN. WARUM ABSTIMMEN NICHT DEMOKRATISCH IST. Wallstein Verlag 2016
KONGO : EINE GESCHICHTE. Suhrkamp Verlag 2013
Anna Weidenholzer
Anna Weidenholzer, née en 1984, a étudié la littérature comparée à Vienne et Wrocław (Pologne). Elle vit comme auteure, journaliste et rédactrice à Vienne. Son premier recueil DER PLATZ DES HUNDES (La place du chien) a déjà attiré une attention méritée. Elle charme les lecteurs de façon très particulière : ses descriptions atmosphériques sont denses et prennent corps dans une langue magnifique, travaillée avec beaucoup de soin.
Avec son troisième livre WESHALB DIE HERREN SEESTERNE TRAGEN (Pourquoi les Messieurs portent des étoiles de mer), Anna Weidenholzer livre une fable délicate du malheur qui surgit insidieusement dans la vie de tant de gens, lancinant mais toujours hors de portée, dont on ne sait jamais vraiment à quel moment il s’est installé.
Karl, un enseignant à la retraite, décide un jour de partir à la recherche de ce que le bonheur peut représenter. Ce chercheur autoproclamé part, avec dans son sac des questionnaires destinés à évaluer le « bonheur national brut », s’installer dans une station de ski dépourvue de neige, où il compte faire un sondage du niveau de satisfaction des habitants quant à leur vie. C’est là qu’il entame ses recherches, sans cesse interrompu par des téléphones envenimés avec sa femme. Mais son voyage ne tarde pas à prendre l’allure d’une fuite et l’interrogateur devient imperceptiblement l’objet des interrogations des autres.
WESHALB DIE HERREN SEESTERNE TRAGEN est un roman tranquille, une mise en valeur précautionneuse de l’amitié et de la solitude. Weidenholzer s’en sort avec brio ; avec l’adresse d’une réalisatrice, elle joue avec la chronologie, anticipe, donne la solution et pose, en dernier lieu, une question.
WESHALB DIE HERREN SEESTERNE TRAGEN. Roman. Matthes und Seitz 2016
DER WINTER TUT DEN FISCHEN GUT. Roman. dtv 2015
DER PLATZ DES HUNDES. Nouvelles. Mitter Verlag 2010
Levin Westermann
Levin Westermann, né en 1980 à Meerbusch en Allemagne, a étudié à la Goethe-Universität à Francfort et à l’Institut littéraire suisse à Bienne.
Jusque-là inconnu du milieu littéraire, il monte en 2010 sans crier gare sur la scène vibrante mais encore trop ignorée de la poésie contemporaine. Levin Westermann vit aujourd’hui à Bienne. Son premier recueil UNBEKANNT VERZOGEN (Parti sans laisser d’adresse) est paru en 2012 à Berlin et sera suivi ce printemps par son deuxième recueil 3511 ZWETAJEWA.
Dans 3511 ZWETAJEVA, Achille file à 130 dans la nuit, sans phares arrière et sans arrière-pensée. La guerre de Troie fait encore rage. Tandis que le héros attique donne sans avoir eu le temps de se doucher et maculé de sang une conférence de presse 20 minutes après la fin du combat en critiquant Simone Weil au passage, Westermann écrit d’une plume fumante une cantate aux intervalles d’apparence infinitésimale. Alors qu’on se promenait avec Tchekhov, on se retrouve maintenant en compagnie du poète sous le signe de l’astéroïde 3511 Zwetajewa à déambuler à travers la vie de celle d’après qui cette future planète a été baptisée. Lettres, images et relations tirent ainsi à Westermann le vers suivant : « Elle croyait à la bonté chez l’homme, croyait / que celui qui fait le bien récolte le bien. » Au final, c’est l’entier d’un cosmos qui sera englouti.
Il écrit des poèmes « dans lesquels le Je semble se préparer à sa propre disparition. » (Michael Braun)
3511 ZWETAJEWA. Poèmes. Matthes und Seitz 2017
UNBEKANNT VERZOGEN. Poèmes. luxbooks 2012
John Wray
John Wray, né en 1971 à Washington D.C. d’un père américain et d’une mère autrichienne, a fait ses études aux Etats-Unis et à Vienne et vit aujourd’hui comme auteur indépendant à Brooklyn.
Son quatrième roman DAS GEHEIMNIS DER VERLORENEN ZEIT (Le secret du temps perdu) raconte l’histoire d’un clan de physiciens amateurs complètement cinglés qui cherchent à concurrencer Albert Einstein. Cette œuvre complexe regorge de références, déborde d’idées surprenantes et étonne par la finesse de son écriture.
John Wray maintient une distance ironique avec ses personnages, ne craint pas de forcer le trait et entraîne dans des mondes surréels. Ses premiers livres donnaient déjà l’impression d’être le fait d’un auteur européen. Pas seulement à cause de la thématique et des décors, mais aussi par ce que là où de nombreux auteurs américains cherchent un style minimal, Wray régale par sa langue exubérante et pleine de caractère. En mettant en scène une étrange famille qui d’une génération à l’autre se transmet la fascination pour les recherches sur le temps, il met peu à peu en place un autre monde, en décalage avec la réalité.
John Wray est le maître du « roman popculturel de voyage dans le temps ». DAS GEHEIMNIS DER VERLORENEN ZEIT est le fruit de sept années de travail, et cela se ressent aux nombreuses références à Augustin, Plotin, Proust, les « Buddenbrooks » de Mann, la théorie de la relativité, la scientologie, Wittgenstein, Heisenberg, Klimt ou encore Joan Didion. Et tout en jonglant entre les mots et le rythme, le grotesque, de curieux personnages et ses fabuleux traits d’esprit, pris dans cette abondance, l’auteur réussit brillamment à maintenir le cap.
DAS GEHEIMNIS DER VERLORENEN ZEIT. Roman. Traduit de l’anglais par Bernhard Robben. Rowohlt Verlag 2016
RETTER DER WELT. Roman. Traduit de l’anglais par Peter Knecht. Rowohlt Verlag 2010
DIE RECHTE HAND DES SCHLAFES. Roman. Traduit de l’anglais par Peter Knecht. Berlin Verlag 2002
Jeffrey Yang
Jeffrey Yang, né en 1974 en Californie, est poète, traducteur du chinois et lecteur au sein de deux maisons d’éditions. Il a reçu pour UN AQUARIUM, son premier recueil de poèmes, le prix PEN/Joyce Osterweil de poésie. Il vit à Beacon, New York.
La poésie de Yang est d’une part dédiée au visible, aux faits et aux choses, d’autre part elle est également hautement réflexive. Dans UN AQUARIUM, Yang observe le monde depuis la mer : le recueil réunit dans l’ordre alphabétique des poèmes maritimes emplis d’un savoir encyclopédique rassemblant dauphins et flétans, homards et palourdes, fucus et pieuvres, et qui de là s’étend à des questions de religion, philosophie, culture ou science.
Dans YENNECOTT – c’est ainsi que s’appelait dans la langue des indiens primitifs la presqu’île de Long Island –, c’est dans la profondeur des années et des siècles que Jeffrey Yang plonge cette fois, sous la forme d’un long poème s’affiliant à une vaste tradition américaine. Ici surgit l’intérêt fondamental de Yang pour la poésie au carrefour de la géographie et de l’histoire. Il parvient à tirer de l’éternelle répétition des conquêtes historiques une note de lyrisme en demandant au travers de sa poésie : quelles routes prend le savoir, et où mènent-elles ? Comment une perspective d’échange culturel peut-elle changer le mode de lecture de l’histoire ? Tout ce qui pourra sortir de la plume du poeta doctus Jeffrey Yang a de quoi nous réjouir.
YENNECOTT. Poème. Traduit de l’anglais par Beatrice Fassbender. Berenberg Verlag 2015
EIN AQUARIUM. Poèmes. Traduit de l’anglais par Beatrice Fassbender. Berenberg Verlag 2012
Liao Yiwu
Liao Yiwu est né en 1958 dans la province du Sichuan, en Chine de l’ouest. Dès les années 80, il se profile comme l’un des poètes d’avant-garde les plus importants en Chine. La plupart de ses textes sont parus dans des anthologies underground non réglementaires. La notoriété lui permettra de plus en plus de publier dans des revues littéraires officielles. En 1987, suite à la publication de sa large épopée SI CHENG (« Ville de la mort ») qui critique la culture de la Révolution, il est d’abord victime d’une campagne politique. Mais quand il rédige des poèmes dans lesquels il dépeint l’anéantissement du mouvement démocrate suite au massacre de la place Tian’anmen, il est torturé et emprisonnée durant plusieurs années. En été 2011, il parvient à fuir en Allemagne en passant par le Vietnam. Il vit depuis en exil à Berlin. Depuis octobre 2012, Liao Yiwu est membre fondateur de l’Académie des Arts du Monde à Cologne.
L’auteur a reçu de nombreux prix littéraires et humanitaires, comme le Prix de la Paix du marché du livre allemand en 2012.
Dans son premier roman DIE WIEDERGEBURT DER AMEISEN (La renaissance des fourmis), qui paraît après trois années de travail dans la traduction allemande de Karin Betz, Liao Yiwu tisse tout en profondeurs poétiques l’histoire de sa famille et celle de sa patrie la Chine, qui l’a rejeté. Parce qu’il écrivait des poèmes, Liao Yiwu a vécu la prison, la torture et l’humiliation, au plus près de la folie totalitaire. Seul son livre préféré, l’oracle chinois merveilleux « I Ging », l’a aidé à surmonter l’horreur de l’enfermement. Un roman fort, dévastateur, qui révèle la découverte par le plus grand poète chinois d’une langue nouvelle et foudroyante.
DIE WIEDERGEBURT DER AMEISEN. Roman. Traduit du chinois par Karin Betz. S. Fischer 2016
DIE DONGDONG-TÄNZERIN UND DER SICHUAN-KOCH. Histoires tirées de la réalité chinoise. Traduit du chinois par Hans Peter Hoffmann. S. Fischer 2013
FRÄULEIN HALLO UND DER BAUERNKAISER. CHINAS GESELLSCHAFT VON UNTEN. Essai. Traduit du chinois par Karin Betz u.a. S. Fischer 2011
Kathy Zarnegin
Kathy Zarnegin est née à Téhéran et est arrivée en Suisse à l’âge de 15 ans. Elle est poétesse, essayiste, traductrice du perse, philosophe et diplômée de littérature. Elle est également psychanalyste et cofondatrice du séminaire de Lacan à Zurich et co-organisatrice du Festival International de Poésie de Bâle.
Dans son premier roman CHAYA, Kathy Zarnegin raconte l’histoire d’une femme iranienne qui dans ses jeunes années émigre pleine d’espoir en Occident. À quatorze ans, elle réalise son rêve, quitte sa famille et part seule en Suisse, à Bâle, où des parents éloignés peuvent l’héberger. Mais avant de quitter le cocon familial, la narratrice éveillée de ce fabuleux roman prend le temps de nous raconter un peu du monde dans lequel elle a grandi.
Avant tout il y a la voisine, la « tante » Farah. Une femme pleine d’assurance qui a choisi une vie de célibataire, ce qui dans le Téhéran dans années 70 ne peut être qu’une source de problèmes. Farah est éduquée, douée en langues et elle a, ce que personne ne semble remarquer, un compagnon, l’arménien Georges. « Never say no to love ! », chuchote Farah à l’oreille de la jeune narratrice. Si la jeune femme ne peut pas encore comprendre toute la portée de cette phrase, elle n’ignore pas l’attitude éprise de liberté qu’elle dissimule. Cette première œuvre en prose de Kathy Zarnegin, chaleureuse et amusante, dessine le portrait d’une femme forte, non conventionnelle, au besoin irrépressible de liberté.
CHAYA. Roman. weissbooks 2017
Serhij Zhadan
Serhij Zhadan, né en 1974 en Ukraine de l’Est, a étudié les langue et littérature allemandes, écrit une thèse sur le futurisme ukrainien et compte depuis 1991 parmi les personnages influents de la jeune scène ukrainienne. De ses 17 ans à aujourd’hui, il a publié douze recueils de poèmes et sept textes en prose. Il a reçu le Prix de Littérature Jan Michalski et le Prix Brücke-Berlin en 2014 pour DIE ERFINDUNG DES JAZZ IM DONBASS (L’invention du jazz dans le Donbass).
« C’est terrible de voir comment l’Histoire arrive » : depuis l’été 2014, Serhij Zhadan rapporte ce qu’il vit lors de ses voyages dans les territoires en guerre d’Ukraine de l’Est. Ce sont des captations lyriques qui laissent subitement paraître l’essentiel, de brèves histoires d’hommes tout à coup pris entre deux côtés ennemis, ignorant auquel ils appartiennent et ce qui va advenir d’eux. En peu de strophes, Zhadan transmet la tragédie de millions d’individus. L’influence de Brecht, que Zhadan traduit depuis la Révolution ukrainienne, transparaît dans ces vers laconiques. Ce n’est pas le nombre de ceux qui sont tombés qui importe, mais la volonté d’écouter l’Autre et de questionner le souvenir. Zhadan se charge de cette tâche avec ardeur et choisit pour ce faire les moyens littéraires les plus forts.
Poèmes, paroles de chansons et extraits de journaux intimes dans lesquels Zhadan se confronte à la réalité de la guerre sont désormais disponibles aux éditions Suhrkamp. Et il s’y prend de manière à mettre en valeur les droits de chacun. Car à chacun son histoire et sa vérité propres, son évolution et sa biographie concrètes.
WARUM ICH NICHT IM NETZ BIN. Poèmes et prose de la guerre. Traduit de l’ukrainien par Claudia Dathe. Suhrkamp 2016
MESOPOTAMIEN. Roman. Traduit de l’ukrainien par Claudia Dathe. Suhrkamp 2015
DIE ERFINDUNG DES JAZZ IM DONBASS. Roman. Traduit de l’ukrainien par Juri Durkot et Sabine Stöhr. Suhrkamp 2012